Photographe amateur de 28 ans, Tristan Le Guen est bénévole aux Restos du Cœur. Déjà exposé en 2017 à la Galerie l’Inattendu, il réalise avec ce projet son premier photo-reportage.

Réalisés aux abords de la Gare de l’Est lors de distributions des Restos du Cœur, ces portraits et ces entretiens se veulent les témoins de vécus multiples et les relais aussi bien de blessures et de colères inexprimées que d’espoirs et de joies partagées. Par souci de respect et de dignité, le choix a été fait de ne pas révéler l’identité complète des personnes photographiées et de laisser ces dernières maîtres de leur image en leur demandant seulement d’exprimer, à travers leur regard, l’émotion que suscitait en elles l’action des Restos du Cœur. Ce procédé, en effaçant la distinction entre bénéficiaires et bénévoles, conduit à mettre l’accent sur le lien de solidarité qui unit ces individus tout en interrogeant notre représentation de la pauvreté. Il est en effet d’autant plus difficile de dresser des portraits types que la précarité ne connaît ni âge ni origine. Certains bénéficiaires se sont ainsi retrouvés à la rue suite à un accident de vie ou une migration forcée, d’autres disposent d’un logement, d’un emploi ou d’une retraite sans pour autant parvenir à joindre les deux bouts; enfin certains sont parvenus à retrouver une situation stable et sont devenus, à leur tour, des bénévoles.

Tirés d’une quarantaine d’entretiens effectués tout au long de l’année 2018, de courts extraits présentent de façon anonymisée le parcours de chacun, bénévole ou bénéficiaire, son rapport aux Restos du cœur ainsi que les mesures qui, selon lui, permettraient de lutter contre la pauvreté en France. Retranscrites telles quelles, par souci de fidélité, ces paroles interpellent tour à tour par leur virulence, leur clairvoyance et leur espérance qui ne sont pas sans faire écho aux questionnements sociaux et politiques qui animent aujourd’hui notre pays.