Exposition-hommage aux artistes du festival Cineffable

En cet automne 2023, Cineffable, le Festival international du film lesbien et féministe de Paris, investit divers lieux parisiens pour rendre hommage à toutes les artistes qui, depuis son lancement en 1989, ont partagé leurs visions artistiques pour nourrir et faire grandir ce festival unique en son genre.

Du 25 octobre au 30 novembre 2023, c’est au 4^e étage de la Mairie du 10^e que cela se passe, avec l'exposition « Artistes Cineffabuleuses » qui réunit des œuvres de Marie Docher (marraine de l'exposition), Céline Bonnarde, Isabelle Gabrieli, Sylvie Valem et Charlotte Wojciechowski.

Marie Docher est photographe, réalisatrice et activiste féministe. Connue pour son engagement en faveur d’une meilleure représentation des femmes dans la photographie, elle collabore depuis plusieurs années avec La Déferlante.

En 2021, elle est nommée chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres – un titre qu'elle a aussitôt fait changer en « chevaleresse » – et devient lauréate de la grande commande photographique de la Bibliothèque nationale de France, « Radioscopie de la France ».

Sa série « Et l’amour aussi » marque l’aboutissement de son travail d’activiste et de photographe, explorant en images ce que signifie être lesbienne en France aujourd’hui, dix ans après l’adoption du mariage pour tou·te·s.

Le travail de Céline Bonnarde aborde la notion autobiographique, entremêlant fiction et réalité pour mieux répondre à une recherche identitaire à la fois personnelle et collective. Ses images questionnent le temps, la mémoire et l’enracinement en nous renvoyant à l’universel de notre condition humaine.

Son histoire personnelle, nourrie des petits et grands événements de la vie, de quotidien et d’exceptionnel, construit au fil des séries photographiques un nouvel espace de partage, celui du temps qui passe, où le souvenir et les émotions donnent un sens à notre manière de voir ce qui nous entoure.

La série présentée ici est une promenade singulière que l'artiste a entreprise durant le premier confinement en remontant le fil de ses archives photographiques argentiques…

Originellement journaliste et photo-reporter, Isabelle Gabrieli est devenue photographe de concert et de théâtre ainsi que portraitiste. Passionnée par les processus de création, engagée et curieuse de toute chose publique et politique, elle est mandatée par l'agence photographique de presse DALLE, spécialisée dans le spectacle. Isabelle Gabrieli est également photographe pour plusieurs associations parisiennes depuis une vingtaine d'années (Act Up, Maison des femmes, Ras l'front), photographe de presse et rédactrice pigiste pour La Dépêche du Midi et Libération, ainsi que pour les festivals « Lettres d'automne » et « Alors… chante ».

Depuis trente ans, son regard décalé lui permet de construire une œuvre singulière abordant des territoires extrêmement divers : la réconciliation nationale hongroise, en 1989, les premières gay-prides, les performances sensibles de Barbara sur scène ou encore le gré de l'école de Paris, autant de sujets qui lui permettent de capter l'esthétique de toute situation.

En parallèle, Isabelle Gabrieli pratique la poésie automatique, où se côtoient collages et ravaudages, bois flottés, grignotés et chimères ainsi que sculptures sur bois.

Le travail de Sylvie Valem se construit à la frontière de la photographie documentaire et d’une investigation autobiographique, le médium photographique lui permettant d’explorer le territoire de l’intime. Se concentrant sur les failles de la mémoire, la réminiscence de ce qui a été et le désir de ce qui aurait pu être, l'artiste décortique, scrute, observe et (re)dessine peu à peu son parcours.

Depuis dix ans, Sylvie Valem conduit ainsi une véritable enquête photographique qui la ramène inlassablement à arpenter son chemin de vie, où le rapport entre le chaos et l’absence/présence à sa propre existence s’entrechoquent et forment le terreau de son exploration.

Dans la série « Dépouillée, 2023 », la véracité du vivant s'oppose à la négation de l’identité personnelle. La photographe nous y propose une immersion dans l’univers clos d'un hôpital où, pour être identifiable, chacun est réduit à un uniforme. L’hôpital n’apparaît pas ici comme le lieu d’une possible guérison mais celui de l’assignation et de l’emprisonnement, où le malade est de corps et d’esprit enfermé dans sa maladie, dépouillé de ses marqueurs sociaux, vêtements et autres objets personnels. Et l'artiste de nous interpeller encore plus fort en empruntant les codes de la photographie judiciaire, épinglant au mur les preuves de l’existence pour éprouver la perte.

Artiste photographe et féministe, Charlotte Wojciechowski s'intéresse à travers son œuvre aux questions de genre et d’identité sexuelle tout en s'interrogeant sur la visibilité de la femme dans notre société actuelle. Usant de métaphores, de stéréotypes et d'ambiguïtés empruntés à la société, elle affirme sa position en mêlant subjectivité, érotisme et militantisme.

Ce constat d’injonction normative pousse l'artiste à produire en urgence des photographies, à mettre en place un langage en réaction à une présence écrasée par les normes afin d'offrir un regard non masculin sur la femme. Ses photographies sont le résultat de rencontres avec son quotidien, quotidien qu'elle sort de son contexte pour en exploiter la vie secrète à travers son imagination, ses rêves et ses fantasmes.

« Sulphurous Bounds » est une série de rencontres avec des composantes de notre alimentation quotidienne qui, dans leurs symboliques, leurs formes, leurs couleurs et leurs textures, sont des métaphores du sexe féminin et également des organes du plaisir. Le sexe et la nourriture touchant au même postulat instinctif et naturel, l'artiste donne ici à voir le rapport intime qui lie érotisme et gastronomie.

Pour en savoir plus sur le festival Cineffable et les événements organisés dans le cadre de sa 35^e édition, c'est par ici.