Évènement

Exposition : pour le 8 mars, vingt portraits de femmes du Dix

Mise à jour le 01/03/2021
À l'occasion du 8 mars, Journée internationale des Droits des Femmes, la Mairie du 10e présente Elles font le 10e, une exposition réunissant vingt portraits de figures féminines de notre arrondissement.

Elles font le 10e

Elles sont cheffes d’entreprise, bénévoles, fonctionnaires ou salariées. Elles sont artistes, infirmière, artisanes, cheffes, réalisatrice, libraires, boulangère.
Elles y vivent, ou y travaillent. Elles transmettent, elles donnent, elles aident, elles éduquent, elles soignent.
Elles défendent l’alimentation durable, l’accès à la culture et à l’éducation, les valeurs de solidarité, la mémoire d’un quartier, la sauvegarde de savoir-faire.
Elles sont nées dans le 10e, y sont arrivées par hasard, ou l’ont rejoint par envie.
Elles sont multiples et ne se ressemblent pas. Elles œuvrent toutes, à leur manière, pour le bien commun au sein de l’arrondissement.
Les visages de ces femmes de tous âges, de toutes origines, et de tous les quartiers du 10e seront exposés dans le hall de la mairie, jusqu’au 2 avril. L’exposition met en lumière leur parcours et leurs actions au quotidien.
Infos pratiques
Elles font le 10e : portraits de femmes de notre arrondissement

Une exposition gratuite, disponible sur place ou en ligne, du lundi 8 mars au vendredi 2 avril 2021.

Emplacement : Mairie du 10e, rotonde d'exposition du 4e étage
Accès principal : 72 rue du faubourg Saint-Martin
Accès PMR : 1 rue Hittorf

Plus d'informations par téléphone au 01 53 72 10 00, ou par courriel à l'adresse [mairie10 puis paris.fr après le signe @]znvevr10@cnevf.se[mairie10 puis paris.fr après le signe @].

L'édito des élues

À l’occasion du 8 mars, la Mairie du 10e a souhaité réaffirmer son engagement pour l’égalité entre les femmes et les hommes à travers l’exposition Elles font le 10e, une série de vingt portraits de femmes de notre arrondissement.
En allant à leur rencontre chacune et chacun peut mettre des visages sur les nombreux projets qu’elles portent au sein de notre arrondissement et pour découvrir leur histoire. Elles sont nées dans le 10e, y sont arrivées par hasard, ou l’ont rejoint par envie. Ces femmes sont de tous âges, de toutes origines et tous les quartiers.
Elles sont cheffes d’entreprise, bénévoles, fonctionnaires ou salariées. Elles sont présentes sur tous les fronts, elles sont de toutes les professions et de tous les combats. Elles sont artistes, infirmière, artisanes, cheffes, réalisatrice, libraires, boulangère.
Ces femmes du 10e sont multiples et ne se ressemblent pas. Elles œuvrent toutes, à leur manière, pour le bien commun au sein de notre arrondissement.
Engagées dans des causes qui leur sont chères, elles défendent l’alimentation durable, l’accès à la culture et à l’éducation, les valeurs de solidarité, la mémoire d’un quartier, la sauvegarde de savoir-faire artisanaux.
La Mairie du 10e est fière de célébrer ces personnalités et ces initiatives qui, chaque jour, améliorent le vivre-ensemble dans notre arrondissement.
Alexandra Cordebard, Maire du 10e arrondissement
Laurence Patrice, Adjointe à la Maire de Paris, déléguée dans le 10e à la Culture et au Patrimoine
Kim Chiusano, Conseillère d’arrondissement, déléguée à l’Égalité Femmes/Hommes, à la Lutte contre les discriminations, et à l'Intégration

Vingt portraits de femmes du Dix

Commissariat d'exposition : Colline Liénard.
Élisabeth Avril, directrice générale de l'association Gaïa Paris
Élisabeth Avril est médecin généraliste et agit sur le terrain pour la réduction des risques liés à l’usage des drogues.
En 1994, Jean-Pierre Lhomme lui propose de le rejoindre sur le programme d’échange de seringues, alors illégal, mis en place par Médecins du Monde pour limiter les contaminations VIH SIDA.
Dès le début de sa carrière, elle travaille là où les médecins rechignent à aller : en milieu rural en Normandie, puis à l'hôpital Marmottan auprès des usagers de drogue, et à Colombes pour pratiquer des IVG. Diplômée en anthropologie, Élisabeth Avril s’intéresse à la dimension humaine et sociale occultée dans l’apprentissage de la médecine, se questionne sur ce qu’elle peut apporter aux patients au-delà des médicaments.
En 1996, toujours à Médecins du Monde, elle coordonne la mise en place du premier “bus méthadone''. Ce projet propose un accès rapide, gratuit, et anonyme à un traitement de substitution à l’héroïne et favorise l’entrée des usagers dans un parcours de soins.
“J’aime le contact avec les usagers de drogue, je trouve que ce sont des gens intéressants. Ils reflètent assez bien ce qui ne va pas dans notre société, en général c’est assez direct le contact, il n’y a pas trop de faux-semblants."
La régularisation des activités de Médecins du monde dans la pratique de la réduction des risques mène à la création de Gaïa Paris, qui continue à porter ces programmes en France. Avec les associations ASUD, Act up, SOS hépatites, Safe, Fédération addiction, et SOS drogues, elle impulse l’ouverture de la salle de consommation à moindre risque, soutenue par le maire du 10e arrondissement de l’époque, Rémi Féraud et son équipe.
Le projet est lancé médiatiquement en 2009 lors de la journée mondiale de lutte contre les hépatites, et aboutit finalement en 2016 après plusieurs années de plaidoyer. Pour elle, la salle fait partie de la suite logique des actions de Gaïa, un outil pragmatique de réduction des risques qui existe depuis 1985 à l’étranger, et qui ouvre finalement rue Ambroise Paré, dans l'hôpital Lariboisière.
Aujourd’hui la salle est insuffisante face aux besoins démographiques de l’agglomération parisienne, une des raisons pour laquelle Élisabeth Avril aspire à un débat démocratique et national sur la criminalisation des drogues et la gestion des risques.
Toujours engagée bénévolement auprès de Médecins du Monde, elle continue à développer des programmes de réductions des risques à l’étranger, comme entre 2009 et 2019 où elle se rend plusieurs fois par an en Géorgie, un pays très touché par l’hépatite C, et plus récemment en Arménie.
Crédit photo : M10
Léa Barbier, co-fondatrice de Kelbongoo
Depuis 2013, Léa Barbier fait grandir Kelbongoo aux côtés de son compagnon Richard Fielding, une alternative sociale et éco-responsable à la grande distribution.
Léa grandit dans une famille engagée du 19e arrondissement. Ses parents sont communistes et syndicalistes. Après des études en relations internationales à Sciences Po Toulouse et quelques expériences à l’étranger, elle préfère rentrer en France pour agir à son échelle. Elle travaille un temps comme médiatrice scientifique et culturelle au Festival de l’Oh !, porté le département du Val-de-Marne. Jusque là passionnée par le féminisme et l’antiracisme, la rencontre de familles modestes et leurs discussions sur l’accès à l’alimentation bio et locale seront le terreau de son futur projet.
Avec son compagnon, elle se lance dans l’aventure Kelbongoo sans aucune connaissance du monde de l'entrepreneuriat. Petit à petit, ils fondent un circuit court entre urbain·e·s du nord-est parisien et petites exploitations engagées installées en Picardie. Kelbongoo se charge du transport des denrées jusqu’à Paris. Aux consommateurs et consommatrices, ils proposent de commander en ligne les produits qui seront récoltés pour l’occasion et distribués quelques jours plus tard dans leurs magasins.
“On a une grosse partie des produits qui arrivent la veille de la distribution. En été, on a des fraises qui ont été récoltées la veille, au matin. À Paris, on n'a pas souvent accès à des produits comme ça.”
Elle tisse des liens avec des exploitations diversifiées et respectueuses d’une charte qui garantit la transparence de leurs pratiques et la qualité de leurs produits. Les producteurs et productrices sont rémunéré·e·s au juste prix, autour de 75% du prix de vente.
Léa commence le projet dans leur appartement parisien, les distributions se font auprès de leur famille et d’amis. Elle apprend tous les métiers sur le tas : la logistique, la comptabilité, l’approvisionnement. Curieuse, elle aime particulièrement la diversité des personnes qu’elle est amenée à rencontrer dans ce projet.
Léa s’engage à rendre accessible les produits aux ménages modestes, en implantant leurs boutiques dans des quartiers populaires et en proposant des prix abordables. En 2017, Kelbongoo s‘établit rue Bichat, après avoir remporté un appel à projet porté par la Mairie du 10e et les citoyens du quartier, opposés à l’installation d’une grande enseigne.
Aujourd’hui, l’entreprise compte quarante-cinq salarié·e·s et Léa se consacre à la stratégie de développement de l’entreprise. Au sein de Kelbongoo, elle porte les valeurs féministes qui lui sont chères, notamment par le recrutement de nombreuses femmes pour les postes à responsabilité.
Crédit photo : M10
Faustine Barra, fondatrice de l'association Nour
Faustine Barra fonde l’association Nour en juillet 2019, un projet d’inclusion sociale de personnes en situation d’exil, par la pratique du yoga.
Faustine découvre cette discipline il y a quelques années dans un studio du 14e arrondissement, alors qu’elle travaille dans l’industrie du luxe. Affectée par un rythme de travail stressant, elle y trouve un formidable réconfort qui l’ancre dans son quotidien et l’apaise.
Après un tour du monde pendant lequel elle continue à pratiquer le yoga partout où elle va, elle se reconvertit dans le conseil en management. Elle choisit parallèlement une formation par laquelle elle se perfectionne en Yin Yoga, Hatha Yoga et Vinyasa Yoga. Suite à cette expérience, Faustine désire partager le bouleversement qu’a constitué pour elle la découverte du yoga, et surtout en démocratiser la pratique, souvent cantonnée aux cercles sociaux les plus privilégiés.
Faustine anime son premier cours lors d’une cousinade. Le moment rassemble sans distinction toutes les générations de sa famille, des enfants aux grands parents, dont un mineur isolé hébergé par ses parents. Elle est fascinée par la communion à laquelle elle assiste. Elle crée alors l’association Nour, pour rassembler autour d’une même pratique, des locaux et des personnes en situation d’exil.
Rapidement, elle donne deux cours par semaine. Le premier aux Grands Voisins, notamment auprès de jeunes réfugié·e·s hébergé·e·s sur place et le second avec l'association La Rêverie, auprès de jeunes défavorisé·e·s. Les courts sont gratuits pour eux, à petit prix pour le grand public. Arrivée il y a quelques mois dans le 10e, Faustine s’est adressée à la Mairie et à la maison des associations pour bénéficier d’une salle à la rentrée 2021 afin d’ancrer l’aventure de Nour dans l’arrondissement.
“À travers cette expérience, j’ai l’impression de me rapprocher de moi-même, des convictions que je porte, et j’ai l’impression que pour la première fois je prends ma place dans le monde.”
Une dizaine de bénévoles enthousiastes a rejoint Faustine, dont plusieurs professeur·e·s. Les cours de yoga ont désormais lieu tous les jours, en visioconférence depuis le début de la pandémie. L’accès aux cours pour les personnes bénéficiaires a été maintenu, ils sont diffusés dans les salles communes des centres d'hébergement. Depuis début janvier, Faustine se consacre au développement de Nour afin de transformer l’enthousiasme en actions concrètes sur le terrain, au cœur des acteurs et actrices de l’économie sociale et solidaire.
Crédit photo : Thierry Rondol - M10
Mélanie Biessy, présidente du théâtre La Scala
En 2018, Mélanie Biessy rouvre les portes de La Scala avec son mari Frédéric Biessy, un théâtre chargé d’histoire qui borde le boulevard de Strasbourg.
Depuis le 11 septembre 2001, Mélanie partage la vie de Frédéric Biessy, producteur de théâtre, avec qui elle cultive son goût pour la culture et le spectacle vivant. Elle fait carrière dans le capital-investissement, dans le secteur des infrastructures. Guidée par son intuition et son goût pour les défis, Mélanie se lance en 2007 dans une nouvelle aventure. Elle s’associe à Alain Rochère, banquier d’affaires avec qui elle lève un fond d’un milliard d’euros en deux ans. Toujours à la tête d’Antin AP, leur entreprise est aujourd’hui leader européen dans son domaine.
Le rachat de La Scala, c’est un projet de couple. Il mêle l’aspiration de Frédéric à faire évoluer son métier et la volonté de Mélanie de se consacrer à un projet philanthropique.
“J’adore mon métier, j’adore les gens avec qui je travaille et ce qu’on développe ensemble. Mais c’est vrai qu’il me manquait un peu de sens, et que je cherchais à donner un sens à ma vie, tout court.“
La réouverture de La Scala est un sacré défi. La salle a été construite en 1874. D’abord un café-concert, elle est réaménagée en cinéma Art Déco en 1936, avant de devenir le premier multiplexe de Paris en 1977, spécialisé dans le cinéma porno. En 2016, le couple Biessy rachète le théâtre à une puissante église évangélique aux dérives sectaires, qui tentait d’en faire un lieu de culte. Mélanie et son mari vont penser et financer des travaux pharaoniques pour faire de ce théâtre délabré un lieu à la pointe de la technologie acoustique et un formidable terrain de jeu pour les artistes.
Ils l’inaugurent le 11 septembre 2018, date anniversaire de leur rencontre. Après plus de six cent levés de rideaux, Mélanie reste fascinée par l’ébullition artistique qui s’en dégage. Elle participe à l’élaboration de la programmation éclectique de La Scala, composée de théâtre, de musique et de danse. Elle s'attache également à rendre accessible le prix des places, pour que la culture bénéficie à toutes et tous.
Fermée au public à cause de la crise sanitaire, les artistes continuent d’y répéter, de réaliser des performances ou des rencontres diffusées en lignes. Le temps n’est pas perdu mais Mélanie n’a qu’une hâte, la réouverture qui fera à nouveau vivre La Scala.
Crédit photo : Thierry Rondol - M10
Amandine Chaignot, co-fondatrice et cheffe du restaurant Pouliche
Après avoir gravi les échelons de grandes cuisines à Paris et à Londres, la cheffe Amandine Chaignot ouvre en 2019 son premier restaurant, Pouliche, à côté de la cour des Petites-Écuries.
Amandine n’était pas destinée à la cuisine : sa mère est directrice de recherche au CNRS en biochimie, son père travaille dans l’informatique. Après quelques mois en faculté de pharmacie, Amandine abandonne, elle ne s’y sent pas à sa place. Elle prend alors un petit boulot de serveuse dans une pizzeria. Galvanisée par l’esprit d’équipe et le rush du service, elle a trouvé sa voie.
Elle se lance alors dans une formation chez Ferrandi, avec l’idée d’ouvrir un salon de thé chez elle, en vallée de Chevreuse. Finalement, après avoir remporté en équipe le concours du Bocuse d’Or à la sortie de l’école, d’autres portes s’ouvrent à elle. Elle travaille dans les grands hôtels parisiens aux côtés de chefs renommés, comme Jean-François Piège au Plaza, Éric Frechon au Bristol ou encore Yannick Alléno au Meurice. En 2012, elle occupe son premier poste de cheffe à l’Hôtel Raphaël, avant de rejoindre le Rosewood, à Londres.
Lassée des contraintes de ces mastodontes, Amandine revient à Paris. Elle laisse mûrir l’idée d’un restaurant à la cuisine plus simple et plus spontanée. Elle s'associe avec deux amis, Pierre-Julien et Grégory Chantzios, et ouvre Pouliche en octobre 2019. Elle s’installe rue d’Enghien, séduite par le lieu.
“Quand on est dans la salle arrière, il y a beaucoup de lumière, avec beaucoup de végétaux. Il y a ce côté campagne à Paris qui m’a beaucoup plu.”
Elle privilégie une cuisine fraîche et spontanée, réalisée à partir de bons produits, approvisionnée en circuit court. Elle aime mettre les mains dans l’arrivage de girolles, le contact avec les clients, le quotidien au côté de sa jeune équipe. Le quartier est cosmopolite, il mélange des adresses populaires et bobos, Amandine s’y sent bien. L’accueil pour sa cuisine est chaleureux, elle compte déjà des habitué·e·s.
Pendant le premier confinement, le restaurant est fermé, seulement quelques mois après son ouverture. Les producteurs avec qui elle travaille sont désemparés face à la situation. Amandine improvise alors un marché devant Pouliche. Les habitant·e·s sont au rendez-vous, en quête de produits de qualité. Elle y découvre la vie de quartier et conseille des recettes pour accompagner les Parisien·ne·s dans leurs arrangements culinaires.
Crédit photo : Thierry Rondol - M10
Annabelle Chauvet et Juliette Debrix, fondatrices de la librairie Un livre, une tasse de thé
Juliette et Annabelle ont ouvert à l’automne Un livre, une tasse de thé, une librairie à deux pas de la place de la République.
Juliette a fait des études d’histoire de l’art et de sciences de l'éducation, tandis qu’Annabelle a suivi un parcours en philosophie politique et journalisme culturel. Elles ont 25 et 27 ans et le livre fait partie de leur vie depuis toujours.
Elles se rencontrent en 2014, toutes les deux surveillantes dans un collège proche de la porte de Choisy. Elles partagent leurs visions du monde, discutent des inégalités sociales, de leurs questionnements sur l’éducation. Elles deviennent amies, partent en vacances ensemble, manifestent, vont au cinéma.
En 2019, Annabelle se casse le pied, fracture qui met un frein à son activité précaire de pigiste. Face à elle-même, elle réfléchit et confie à Juliette, alors en formation en entrepreneuriat au Centre des Arts et Métiers, son idée de devenir libraire. Juliette lui propose d’ouvrir une librairie, Annabelle accepte avec enthousiasme, elles se lancent. Confiantes et impatientes, elles reprennent la librairie de Laurent et Véronique, rue René Boulanger. Elles ouvrent en octobre 2020, en pleine crise sanitaire.
Elles y réunissent leurs passions et convictions communes dans un cocon accueillant et ouvert à tou·te·s, où elles proposent un contenu diversifié. Dans leurs rayons, elles mettent en avant les luttes sociales, le féminisme, la politique. Elles défendent les premiers romans auxquels elles veulent donner une chance de sortir du lot, et nourrissent une ambition : atteindre la parité entre femmes et hommes parmi les auteurs qu’elles proposent.
“Ça réunit beaucoup de nos passions, c’est quelque chose de très représentatif de ce qu’on est. On a mis tout ça là et on l’emmène avec nous le soir “ - Annabelle
Annabelle et Juliette s’attachent à rendre le lieu doux et bienveillant. Le coin salon de thé ajoute une touche de convivialité à la librairie et invite à l’échange.
“Tous les jours, les gens rentrent et disent qu’ils sont contents d’être là, c’est assez quotidien et ça fait très plaisir” - Juliette
Pour l’heure, elles attendent avec impatience l’amélioration de la situation sanitaire pour se lancer pleinement dans l’aventure et faire de la librairie un véritable lieu de vie, ancré dans le quartier. Elles bouillonnent d’idées de semaines thématiques et de rencontres, et espèrent organiser des ateliers d’écriture pour les enfants.
Crédit photo : Thierry Rondol - M10
Béatrice Corfa, infirmière scolaire au collège Louise Michel
Béatrice Corfa n'est pas arrivée à l’éducation nationale par hasard. Après avoir mené des études en biologie marine à Brest, elle multiplie les expériences en tant qu’animatrice et endosse le rôle d’assistante sanitaire. Recueillant les confidences d’enfants confronté·e·s aux violences intra-familiales, elle décide de devenir infirmière pour rejoindre le milieu scolaire et ainsi accompagner les enfants. Elle passe le concours à Paris, où elle sera pleinement intégrée à un établissement et à son équipe.
Depuis 10 ans, Béatrice est infirmière scolaire au collège Louise Michel, en face du canal Saint-Martin, dans un quartier qu’elle affectionne particulièrement. Elle devient alors un repère pour les jeunes du collège. Elle les rencontre à leur entrée en 6e, à l’infirmerie cinq jours sur cinq, et en classe pour des ateliers d’éducation à la santé. Quand elle leur parle de puberté ou de sexualité, les élèves rient, parfois gêné·e·s, prennent des notes et retranscrivent avec leurs propres mots ce qu’ils en comprennent. Elle leur offre son humanité, un regard sans jugement, et une information médicale sur leurs corps qui changent.
“Ce qui me plait le plus, c’est vraiment le contact avec mes élèves… pouvoir les rassurer, quand ils sont en panique, s’ils ont une plaie, une angoisse, quoi que ce soit… les voir ressortir apaisés, contents…”
En 2019, un voyage est organisé par les professeurs d’éducation physique et sportive : les 140 élèves de 4e du collège partent découvrir le surf dans les Landes. Béatrice imagine un livret pédagogique qu’elle réalise de toutes pièces et réunit toutes les filles pour un atelier sur l’hygiène menstruelle. L’objectif est que chacune puisse participer au voyage sans que les règles ne soient un frein à sa pratique sportive. Coïncidence, c’est à la même période que des distributeurs de protections hygiéniques gratuites et biologiques sont installés. Son guide est repris par la Mairie qui l’édite alors pour tous les collèges du 10e.
Béatrice généralise ensuite le cours d’éducation à l’hygiène menstruelle à l’ensemble des élèves, dès la 6e. Elle utilise les interrogations des garçons pour leur rappeler que filles comme garçons sont né·e·s grâce aux règles. Enthousiaste, elle attire l’attention des jeunes avec sa petite mallette dont elle leur présente le contenu : serviette hygiénique, tampon, anti-douleurs, une bouillotte qu’elle a cousu elle-même.
Depuis un an, le Covid est devenu la priorité : conseil et rappel sur le port du masque, information aux familles, elle est devenue la référente pour la recherche et le signalement du Covid au niveau de l’établissement. Malgré cela, l’objectif reste le même pour Béatrice : s’adapter à la situation pour continuer à accompagner les élèves et faire de l’infirmerie un lieu où ils se sentent les bienvenu·e·s.
Crédit photo : Thierry Rondol - M10
Élisabeth Daynes, paléoartiste et artiste contemporaine
Élisabeth Daynes est sculptrice et plasticienne. Elle se passionne pour la construction des visages et leur évolution dans l’histoire de l’humanité. Originaire de Béziers, elle installe son atelier à deux pas de Belleville en 1984, un lieu qui a vu évoluer son art jusqu’à aujourd'hui.
Elle s’investit d’abord dans l’univers théâtral, aux côtés du metteur en scène Matthias Langhoff. Elle donne vie à des personnages de Shakespeare en travaillant la métamorphose des comédien·ne·s pour qui elle réalise des costumes et des prothèses.
Dans les années 90, ses travaux sur la peau et les ressemblances très précises valent à Élisabeth d’être contactée par un musée du Thot, en Dordogne. Elle rencontre une équipe scientifique, et le musée lui demande de reconstituer un campement de chasseurshomo-sapiens, à partir de leurs crânes. Elle est fascinée par la découverte de ces crânes et par la source d’imaginaire qu’ils représentent.
Élisabeth devient paléoartiste : elle recherche désormais les identités perdues dans le passé profond de l’humanité. Depuis trente ans, il s’agit pour elle d’une passion fabuleuse : elle voyage dans le monde entier pour se rendre à des congrès et rencontrer des scientifiques. Sa reconstitution de Lucy, l'australopithèque, pour le musée d’histoire naturelle de Vienne à la fin des années 1990, lui procure une reconnaissance internationale. Son travail est à la croisée des sciences et des arts. Elle reconstruit des visages à partir de l’anatomie des crânes et des éléments scientifiques qui lui sont donnés sur leur époque, leur environnement, leur vie. Ce travail méticuleux dure plusieurs mois, jusqu’à ce qu’Élisabeth soit émue par le regard de la statue.
Après tant d’années à reconstituer le passé génétique de l’humain et ses transformations physiques au cours des millénaires, Élisabeth se questionne à présent sur son avenir et réinvestit l’art contemporain. Elle réalise des installations, des statues dans lesquelles elle présente des collections de nez et d’oreilles, des bouches sous blister ou encore des morceaux de visages arrachés dans son œuvre Trash (2019).
“Aujourd’hui, on vit dans une période qui rend possible des métamorphoses. Si on extrapole, on pourrait acquérir une nouvelle bouche, ou un nouveau visage, et s’en débarrasser quand on n’en a plus envie.”
Elle s’interroge sur le changement d’apparence et le caractère transitoire de la beauté dans la société actuelle. En représentant un hominidé avec un smartphone dans la main, elle s’interroge également sur l’évolution des outils, autrefois des instruments nécessaires à la survie, et aujourd’hui au service de l’image et du paraître.
Crédit photo : M10
Ai Loan Dupuis, fondatrice et cheffe de Sezono
Ai Loan Dupuis ouvre les portes de Sezono en juillet 2020, un lieu pensé autour de l’alimentation durable, et en particulier des légumes.
Après six ans en tant que consultante en stratégie d’entreprise, Ai Loan quitte son emploi pour se reconvertir dans un métier de passion, lié à l’alimentation. Depuis l’enfance, Ai Loan s'intéresse à la cuisine, une passion qui lui a été transmise par sa grand-mère. Très tôt, elle porte attention à la mise en valeur des légumes, qu’elle devait manger en quantité par souci de santé.
Sa sensibilité grandissante pour les enjeux environnementaux, nourrie notamment par des documentaires, la pousse à imaginer Sezono, un projet pour agir à son échelle, à Paris. Elle imagine un lieu pour sensibiliser à ce que peut être une alimentation plus respectueuse de l’environnement, tout en gardant le plaisir des repas. Elle suit une formation accélérée en cuisine à l’école Ferrandi afin d’ouvrir un lieu de restauration, complété par un espace marché.
À 32 ans, elle installe Sezono rue Jacques Louvel-Tessier, derrière l'hôpital Saint-Louis. Ai Loan sollicite des producteurs locaux comme la Laiterie de Paris et la coopérative des agriculteurs bio d’Île-de-France pour s’approvisionner en légumes, en céréales et en œufs. Les livraisons inspirent ses recettes gourmandes, la carte évoluant au gré des saisons. Elle cherche à convaincre sans prendre de posture moralisatrice et sans apposer une étiquette sur sa cuisine.
“Ce qui me plaît le plus, c’est quand une personne me dit qu’elle n’aime pas les choux de Bruxelles, que je lui fais goûter une recette autour du chou et qu’elle en repart en ayant changé d’avis.”
Sezono propose ainsi des produits locaux, bio, de saison, à un prix accessible. Ai Loan a choisi ce quartier du 10e pour sa mixité sociale : elle veut montrer que l’alimentation durable n’est pas cantonnée à une population aisée, qu’il est possible de manger de très bons produits même avec des revenus modestes. Elle inscrit également Sezono dans une démarche zéro déchet, tant par la cuisine des épluchures que dans la vente à emporter où elle met en place un système de consigne.
Si l’activité de Sezono est pour l’instant limitée par la crise sanitaire, Ai Loan aspire déjà à développer Sezono. Elle pense à l’ouverture d’un deuxième lieu, mais aussi - à plus long terme - à créer un lieu de vie et de culture qui pourrait venir nourrir les établissements.
Crédit photo : Thierry Rondol - M10
Marie-Christine Durand, animatrice d'ateliers sociolinguistiques au centre social Aires 10
Depuis 2016, Marie-Christine est bénévole au centre social Aires 10, situé à l’angle de la rue Saint-Maur et de la rue du Buisson Saint-Louis. Retraitée, elle anime des ateliers socio-linguistiques une fois par semaine, accompagnant ainsi des femmes du quartier dans leur apprentissage du français.
Marie-Christine grandit en Algérie, puis à Lyon, où elle se sent déracinée. Après avoir obtenu un BTS Tourisme, elle emménage à Paris. Elle travaille un temps comme guide touristique dans les tours bus de Paris, ensuite comme secrétaire en intérim, puis rejoint un cabinet d’assurance où elle travaille dans le service dédié au cinéma.
Occupée par son travail, elle ne s’est jamais intéressée à la vie du quartier où elle vit depuis son arrivée à Paris, il y a maintenant cinquante ans. Retraitée depuis 2012 et célibataire, la recherche de lien social la guide vers le chemin de l’engagement.
Elle repère en 2016 une affiche d’Aires 10 qui annonce que le centre recherche des bénévoles. Elle qui pensait participer à des ateliers de conversation, est finalement formée à devenir animatrice en socio-linguistique. Elle est accompagnée dans son apprentissage de la pédagogie, un nouveau challenge pour elle. Depuis 2018, elle est co-responsable d’un groupe, qu’elle rencontre deux heures par semaine.
“Mon expérience professionnelle a été un peu difficile et douloureuse. Là, j'ai trouvé des gens qui ne me demandaient rien et qui m'accueillaient sans me mettre de pression. J’ai découvert que j’aimais enseigner."
Son atelier a lieu le mardi, ses “apprenantes” sont principalement des femmes. Elle rencontre des femmes de toutes origines, de jeunes mères récemment arrivées en France, d’autres qui y vivent depuis plusieurs dizaines d’années et qui sont analphabètes. La plupart veulent apprendre à lire et à écrire.
Elle les ouvre à la langue française mais leur donne aussi une porte d’entrée vers une intégration dans le quartier. Elle crée des moments propices aux échanges et à l’entraide. Investie et généreuse, Marie-Christine les aide à comprendre certaines habitudes françaises, les démarches administratives ou comment prendre un ticket de métro.
“Ces personnes sont en général très attachantes et pleines de bonne volonté, j’ai trouvé que c’était un plaisir de faire ce travail et qu’on me laissait évoluer à mon rythme sans attente de résultats.“
Quand elle fait ses courses, elle croise des apprenantes et des bénévoles. Après tant d’années à y vivre, cette expérience lui permet, à elle aussi, de se sentir à sa place dans le quartier.
Crédit photo : Thierry Rondol - M10
Virginie Friou-Maupate et Charlotte Huisman-Le Trong, directrice et fondatrice d'Un Air de Famille
Charlotte et Virginie vivent dans le Nord-Est du 10e depuis quinze ans. Elles se rencontrent pendant leurs études supérieures et se retrouvent quelques années plus tard à vivre à quelques rues l’une de l’autre, leurs enfants respectifs fréquentent la même école.
Charlotte travaille alors dans la communication dans le domaine de l’architecture. Virginie est professeure à l’école Louis Blanc. Il y a sept ans, leurs questionnements personnels convergent. Virginie souhaite expérimenter d’autres approches de la pédagogie et de l'éveil. Suite à son deuxième accouchement, Charlotte cherche à se rapprocher du domaine de l’enfance. Elle constate un manque d’articulation entre les temps de vie des enfants et de leurs parents, notamment à l’heure de la sortie de l’école.
Charlotte fonde alors un Air de Famille, et est aussitôt rejointe par Virginie. Charlotte pense l’aménagement du lieu, les anciens bureaux du 26, puis du 24, rue du Château-Landon sont rénovés et aménagés comme une véritable maison de famille. Elles développent un havre de paix intergénérationnel, qui réunit un restaurant et des espaces chaleureux, modulés selon les ateliers sportifs et culturels proposés aux enfants et aux adultes.
Au départ incomprises dans leur projet, leurs attaches dans le quartier deviennent un atout, leur professionnalisme les crédibilise. Elles débutent avec une dizaine d’enfants qu’elles vont chercher en fin de journée dans les écoles du secteur. Les enfants s’éveillent à la musique, découvrent la poterie et l’anglais, et sont accompagnés pour faire leurs devoirs. Virginie et Charlotte les voient parfois grandir et s’épanouir pendant plusieurs années. Le bouche à oreille fonctionne. Aujourd’hui, ils sont quarante, et l’équipe du lieu réunit onze salarié·e·s. Le lieu est devenu un repère dans le quartier.
“On a eu zéro retour négatif. Il n’y a pas un enfant qui soit parti en claquant la porte, ça n’est jamais arrivé. Les gens qui ont découvert le restaurant reviennent, ce sont des habitués.” - Charlotte
Dans un quartier aux fortes disparités sociales, Virginie et Charlotte sont attachées au mélange des enfants des quatre groupes scolaires à proximité, publics et privés. En allant chercher des agréments auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports et de la CAF, elles font de l’accessibilité à Un Air de Famille une priorité.
Crédit photo : Thierry Rondol - M10
Brunella Gillet, tailleuse de verre à la cristallerie Schweitzer
Brunella Gillet travaille depuis ses dix-neuf ans à la cristallerie Schweitzer, une maison fondée en 1890 sur les bords du canal Saint-Martin, quai de Jemmapes. Elle y fait de la restauration de supports en verre et en cristal.
Brunella donne une seconde vie aux verres, aux vases, aux photophores et autres pièces ébréchées ou cassées qui lui sont confiées. À l’aide de nombreuses machines et de son savoir-faire, elle les retaille, les lime, les polie et les lustre. Parfois, elle en reconstitue les motifs. Elle utilise des techniques anciennes et désormais rares, recourant par exemple aux nombreuses roues en pierre qui ornent les murs de l’atelier.
Brunella grandit dans l’est de la France, en Haute-Saône. Enfant, elle accompagne souvent son père dans son atelier de menuiserie. Elle souhaite devenir sage-femme mais ses notes ne lui permettent pas d’envisager cette voie. Très manuelle, elle choisit donc de faire un CAP à Strasbourg où elle apprend la taille et le soufflage du verre. Après l'obtention d'un brevet des métiers d’art au lycée national du verre à Yzeure dans l’Allier, elle rejoint la cristallerie Schweitzer qui recherche un·e jeune pour en assurer la relève.
“J’ai l’impression que depuis un ou deux ans, même les jeunes se remettent à la restauration. Ils viennent, ils nous présentent des objets qui appartenaient à leur grand-mère, et ils nous demandent ce qu’on peut en faire.”
Le lieu est l’un des derniers vestiges de l’époque industrielle où les quais du canal Saint-Martin étaient peuplés d'usines et d’ateliers. Arrivée en 2004, Brunella est formée par les tailleurs qui ont repris la cristallerie à la mort d’Albert Schweitzer en 1985, avec l’idée qu’elle puisse à son tour faire perdurer l’atelier à leur départ. En 2013, elle s’associe à sa collègue Clémence, et elles reprennent ensemble la cristallerie.
Son quotidien est ponctué par les rencontres de ceux et celles qui amènent leur pièce pour réparation. Elle les reçoit, pose un diagnostic, et pénètre souvent dans l’intimité de leur histoire familiale. Elle sauve des objets du quotidien qui ont une forte valeur sentimentale et parfois une histoire qui traverse plusieurs générations. En temps normal, elle est également sollicitée par les grands hôtels parisiens, les ambassades, ou même le palais de l'Élysée.
Aujourd’hui, elle travaille à l’atelier entre femmes, avec son associée Clémence, et Lou, stagiaire de vingt ans à qui elle transmet son savoir-faire. Ensemble, elles ont dépoussiéré ce vieil atelier où il y règne désormais une ambiance chaleureuse et réjouissante.
Crédit photo : Thierry Rondol - M10
Camille Guillaud, co-fondatrice du restaurant Candide
Camille ouvre le restaurant Candide en octobre 2019, aux côtés de son compagnon Alessandro. C’est l’aboutissement de son amour pour la cuisine, et une opportunité de transmettre les valeurs qui lui sont chères.
Petite fille d’agriculteurs normands, Camille cuisine depuis toujours avec sa mère. Lycéenne, elle se passionne pour la pâtisserie et découvre le plaisir qu’elle peut apporter aux autres par sa cuisine. Après une école de commerce, elle débute une carrière dans la food-tech et travaille notamment chez Deliveroo où elle participe pendant quatre ans et demi au lancement marketing de la plateforme en France et de la gestion de la marque.
En 2018, son compagnon Alessandro, chef cuisinier, s’apprête à ouvrir un restaurant. Elle décide de le rejoindre. Ils aiment le melting pot caractéristique de Belleville, ils s’installent à la lisière de ce quartier, dans le 10e. Candide est un lieu qui abrite deux entités, une partie restaurant rue de Sambre-et-Meuse, et un côté mange-debout qui donne sur le boulevard de la Villette. Alessandro cuisine à partir de produits frais, locaux et sourcés, tandis que Camille s’occupe de la salle, des vins nature, et de la gestion. Ils sont complémentaires et remplis d’admiration l’un pour l’autre.
Au sein du restaurant, Camille s’engage dans une démarche éco-responsable. Ils s’approvisionnent en vente directe chez des producteurs et productrices qu’ils aiment aller rencontrer, travaillent avec une entreprise qui gère leurs déchets organiques, et rejoignent le pilote eco-table sur l’alimentation durable. Camille est convaincue du rôle social qu’elle a à jouer en tant que restauratrice : elle communique sur leur démarche humaine et responsable au restaurant et sur leurs réseaux sociaux.
“Au-delà de créer un lien social avec les gens en leur servant à manger, on peut œuvrer pour partager nos valeurs et les amener dans une direction avec nous, en rendant accessibles toutes ces informations auxquelles on a accès plus facilement en tant que professionnels.”
La crise sanitaire a bouleversé leur activité, mais en novembre 2020, Camille en profite pour mener une action de solidarité. Elle est alertée par les vignerons de la situation catastrophique à laquelle ils sont confrontés, faute de commandes pour le beaujolais nouveau. Forte de ses expériences dans la food-tech, elle met en place une campagne en ligne, “Le Beaujolais Nouveau est bien vivant”. Elle réussit à mobiliser plus de soixante établissements parisiens qui maintiennent leurs commandes, et sauvent ainsi les récoltes et le futur de ces vignerons.
Crédit photo : Thierry Rondol - M10
Brigitte Jakobowski, fondatrice de l'association MaGAB
Brigitte Jakobowski vit dans le quartier de la Grange-aux-Belles, au Nord du 10e arrondissement. Connue de toutes et tous, elle est un véritable repère pour les habitant·e·s.
Brigitte est arrivée en France du Congo Brazzaville en 1987, pour rejoindre son mari. Elle fonde une famille et travaille alors dans une maison de retraite. Elle vit dans son “petit village” de la Grange-aux-Belles depuis vingt-deux ans.
Brigitte s’occupe depuis toujours des enfants du quartier. Elle connaît presque tout le monde, des mamans aux personnes âgées, en passant par les enfants qu’elle voit grandir… jusqu’à devenir, à leur tour, des adultes. Elle est une figure de médiation des conflits : en restant neutre et extérieure, elle apaise les tensions entre les jeunes et les habitant·e·s. Elle est la confidente des femmes du quartier, elle les écoute et les conseille dans leurs difficultés conjugales. Dans son “petit village de la Grange-aux-Belles”, Brigitte encourage au jour le jour le vivre ensemble, et préfère éteindre le feu des conflits.
Elle fonde MaGAB il y a deux ans, une association qui accompagne les enfants dans des activités à l’intérieur et à l’extérieur du quartier. Avant la crise sanitaire, elle pouvait leur proposer de l’aide aux devoirs. Elle continue de les encourager à travailler à l’école et à prendre à cœur cette chance qu’il leur est offerte.
Depuis le mois de décembre 2020, elle organise chaque samedi après-midi des sorties de nettoyage du quartier. Pendant deux heures, elle emmène les enfants passer un moment ensemble et ramasser les déchets. Elle les sensibilise sur la pollution et en fait des “ambassadeurs du tri sélectif”. Elle espère également transmettre ces pratiques dans les familles du quartier, par le biais des enfants.
Avec MaGAB, elle propose des activités sportives et des sorties culturelles à l'extérieur de la Grange-aux-Belles. Elle les emmène au Cirque d’Hiver Bouglione, à la montgolfière du parc André Citroën, au parc Astérix. L’été dernier, elle a accompagné quatre-vingt dix enfants voir la mer à Deauville, entourée de mamans du quartier.
La crise sanitaire ne le permet pas, mais Brigitte aurait aimé fêter les deux ans de l’association en janvier. Au retour des beaux jours, elle espère s’associer aux associations du 19e et du 20e pour organiser une grande fête de quartier autour des musiques du monde.
Crédit photo : Thierry Rondol - M10
Clara Lecerf, responsable de la bibliothèque Lancry
Clara Lecerf a pris la direction de la bibliothèque Lancry en janvier 2019. Elle n’a pas vu passer ces deux années, ponctuées par la rénovation de la bibliothèque et la crise sanitaire. Avec l’équipe de la bibliothèque, Clara s’est évertuée à assurer la continuité de l’accès à la culture.
C’est au cours de son cursus à Sciences Po Bordeaux que Clara choisit de devenir responsable de bibliothèque. Elle choisit ce métier par passion des livres, bien sûr, mais également car elle est animée par l’envie d'œuvrer pour l’intérêt général et le service public, au contact direct des habitant·e·s. Elle voit à travers les murs des bibliothèques des lieux où se réinvente la démocratisation de la culture. Elle choisit d’exercer à Paris, où elle emménage pour la première fois. Autrefois impressionnée par la capitale, cette passionnée d’histoire l’apprécie aujourd’hui pour sa richesse culturelle et l’attention particulière donnée au développement des bibliothèques.
Elle débute comme adjointe dans une bibliothèque du 16e arrondissement, puis rejoint au cœur du 10e la bibliothèque Lancry, inspirée par la vie et le dynamisme du quartier. Rue de Lancry, la bibliothèque est nichée au quatrième étage du centre d’animation Jean Verdier, la discothèque partageant le troisième étage. Clara apprécie les différents publics qui visitent la bibliothèque, de ceux et celles qui viennent sur leur pause déjeuner aux familles qui s'éparpillent entre les activités du centre d’animation et de la bibliothèque le mercredi après-midi.
"J’aime beaucoup voir les nouveautés : quand on reçoit les nouveaux documents, les CD, les DVD, les livres. On se souvient des discussions qu’on a eues, est-ce que ça va intéresser le public … et de voir des lecteurs arriver et dire que c’est génial qu’on ait reçu tel livre, qu’ils attendaient de le lire. C’est aussi très agréable de voir les gens découvrir des choses, quand on nous a demandé un conseil et qu' ils reviennent en disant que c’était très bien, qu’ils ont beaucoup aimé."
La rénovation de la bibliothèque en 2019 a permis à Clara de contribuer au réaménagement de l’espace, le rendant ainsi plus accueillant et harmonieux. Clara a hâte d’un retour à la normale pour de nouveau organiser des animations et des rencontres au sein de la bibliothèque. Elle aimerait aussi aller à la rencontre de nouveaux publics du quartier, dont certains ignorent encore l’existence de la bibliothèque, cachée au quatrième étage du centre d’animation.
Crédit photo : Thierry Rondol - M10
Bérengère Lipreau et Domitille Araï, imprimeuses taille-douce à l'atelier René Tazé
Bérengère et Domitille se consacrent à la pratique de la taille-douce, une technique de gravure et d’impression vieille de six siècles dont la pratique est désormais très rare en France.
Elles œuvrent au sein de l’atelier de René Tazé, au cœur de la Villa du Lavoir, une jolie impasse pavée où cohabitent plusieurs ateliers d’artisans d’art, cachés derrière la rue René Boulanger.
Bérengère et Domitille se rencontrent à l’école Estienne, une école des métiers du livre. Elles y découvrent la gravure, et choisissent toutes les deux de se perfectionner dans cette pratique. Elles poursuivent leurs études ensemble aux Ateliers de Paris, et décrochent toutes les deux la bourse de perfectionnement aux métiers d’art de la Villede Paris.
Dès son premier stage en 2008, Bérengère rencontre René Tazé, installé dans le 10e arrondissement depuis 1978. Ils s’entendent à merveille et s’accordent pour que Bérengère reprenne l’atelier à son départ à la retraite. Domitille fait quant à elle ses premières armes dans un atelier associatif du 11e arrondissement. Elle rejoint l’atelier quelques années plus tard, en 2018.
“Avec Bérengère, on s’était toujours plus ou moins dit qu’on finirait par travailler ensemble dans un atelier” - Domitille
La taille douce est une technique de l’estampe. L’artiste commence par creuser une plaque de cuivre. Domitille ou Bérengère recouvre cette gravure d’encre, puis caresse la plaque pour enlever une partie de cette encre et doser l’intensité de la couleur à l’impression. Elles recouvrent finalement la gravure d’une grande feuille de papier humide qui passe sous la lourde presse de l’atelier. L’encre se dépose sur le tirage, l’estampe est prête à être signée.
À l’atelier, Domitille et Bérengère sont sollicitées par des artistes contemporains, pour certains édités par des galeries ou des bibliophiles. Elles les accompagnent dans la conception technique et chimique de leur gravure. Dans leurs essais, Bérengère et Domitille les guident jusqu’à ce que le résultat imprimé à haute pression leur convienne. Les tentatives sont parfois nombreuses avant d’arriver au résultat attendu. Elles tirent ensuite un certain nombre d’exemplaires de ce “bon à tirer”.
“Quand on commence une gravure, il faut se dire que ça peut être trois fois plus long que prévu. Personne ne nous impose de rythme, la gravure c’est vraiment quelque chose d’assez lent et quand on essaye de l’accélérer ça rate à chaque fois. C’est un autre rapport au temps.” - Bérengère
Désireuses d’offrir une collection à l’atelier, Bérangère et Domitille fondent actuellement une petite maison d’édition pour offrir l’opportunité à de jeunes créateurs et créatrices d’imprimer.
Crédit photo : M10
Aurélie Mathigot, artiste plasticienne
Aurélie Mathigot travaille avec de multiples matériaux, de la photo au tissu, en passant par la céramique et le bois. Quand elle prend une photo, elle imagine comment elle pourra le broder, lui donner une texture. Elle travaille beaucoup sur les objets du quotidien, qu’elle accumule, repeint ou recouvre au crochet. Ses créations peuplent son atelier, installé depuis une dizaine d’années rue Saint-Maur.
Aurélie Mathigot a commencé sa pratique artistique par la photographie. Après un cursus en histoire de l’art et en philosophie, elle entre aux Beaux-Arts, dans un cursus en photo et vidéo. Elle préfère finalement l’instant suspendu que lui évoque la photo et affectionne sa pratique solitaire et autonome. C’est au fil de ses voyages en Inde, au Mexique, au Japon, qu’elle remarque la dimension universelle du textile.
“Je suis souvent partie en résidence à l’étranger, c’est comme ça que je me rends compte que, sans parler la même langue, on peut vraiment communiquer parce c’est une transmission immédiate, par l’exemple.”
Les traditions sont différentes, les techniques se rejoignent. Dyslexique, elle avait buté en étant enfant sur l’apprentissage du tricot, qui nécessite de la coordination. Elle apprend finalement le crochet et la broderie, une expression artistique qui peine à trouver sa place, souvent mise au service de l’habillement.
Aurélie va donc faire des œuvres qui n’ont aucune fonction, comme des volumes de crochets, ou des recouvrements d’objets du quotidien. Ils représentent le temps qu’elle a consacré à les réaliser. Elle crochette des couverts ou des tasses, pour mettre en avant les gestes qui leur sont associés : mettre la table, servir un café, des gestes peu estimés mais d’une grande valeur. En crochetant des hamburgers, elle attire des regards émerveillés. Elle invite en réalité à une mise en perspective de nos assiettes et nos choix de consommation, où l’apparence du produit devient souvent plus importante que sa fonction.
Lauréate du Grand Prix de la Création de la Ville de Paris en 2011, Aurélie Mathigot aime aussi partager son art, encourager les publics à se croiser - des enfants aux personnes âgées. Elle réalise de nombreux projets participatifs, au Centre Pompidou ou au musée d’art contemporain du Val-de-Marne, qui prennent la forme d'œuvres à continuer ou d’ateliers, autour de Frida Kahlo par exemple.
“C’est important que les gens se rendent compte que l’artiste est quelqu’un d’ancré dans son temps et que tout le monde peut l’être.”
Elle intervient aussi dans les écoles et aime intégrer son travail d’artiste à des activités pédagogiques transversales. Depuis neuf ans, elle enseigne le cours “matières et textile” à l’École des Arts décoratifs de Paris.
Crédit photo : Thierry Rondol - M10
Aurélie Ribay, boulangère
Il y a trois ans, Aurélie Ribay ouvre une boulangerie éponyme rue de Dunkerque, à proximité de la gare du Nord. Son histoire est celle d’une reconversion entamée à quarante-cinq ans, par laquelle Aurélie a pris confiance en elle.
Lassée par le secteur bancaire dans lequel elle travaille depuis plus de vingt ans, Aurélie aspire à un métier plus concret et plus humain. Curieuse et motivée, elle rencontre un premier boulanger, qui lui fait mettre les mains à la pâte. Tous ses sens se réveillent, c'est une révélation. Elle quitte son emploi pour le travail du pain, une denrée essentielle à la base de l’alimentation. Elle sonde également des boulangères, qu’elle interroge sur ce métier encore très masculin. Sur leurs conseils, elle suit un CAP à l’école des boulangers de France pendant neuf mois.
Pour Aurélie, tout s’enchaîne très vite. Elle se sent au bon endroit au bon moment. À chaque étape qu’elle franchit, elle choisit de continuer et d’oser. Elle décide alors d’ouvrir sa propre boulangerie. Désireuse de travailler dans un quartier populaire, elle reprend un fond de commerce en perte de vitesse dans le nord 10e, séduite par le lieu et sa clientèle.
Dans sa boulangerie, tout est entièrement fait maison, du pain au levain aux viennoiseries. Très créative, Aurélie aime jouer avec la couleur : elle fait du pain au curcuma, qui détient une propriété anti-inflammatoire, et de la baguette au charbon végétal, connu pour ses vertus digestives. Aurélie vit désormais au rythme des fournées qui lui demandent chaque jour de faire à nouveau ses preuves.
Maintenant entourée d’une équipe d’une dizaine de personnes, Aurélie s’attache à donner leur chance à des jeunes sans expérience et notamment à des jeunes femmes. Le métier de boulangère est intense et harassant, mais pour Aurélie les satisfactions quotidiennes font que chaque journée en vaut la peine.
“Ma vraie passion ce n’est pas le pain, ce sont les êtres humains. Le pain, c’est le moyen de partager, de vibrer, de créer, de lier un lien entre les gens.”
Le premier confinement marque un temps d’arrêt pour la boulangerie. Les familles quittent le quartier, les touristes s’évaporent, les travailleurs et travailleuses s'absentent. Parmi ceux et celles qui restent, les habitué·e·s de la boulangerie viennent la soutenir et continuent de tester les nouveautés qu’elle imagine. Trois ans après son ouverture, Aurélie s’est pleinement intégrée dans un quartier ravi de la compter en son sein.
Crédit photo : M10
Glicia Silva Da Silva Donzelli, coordinatrice jeunesse et famille au CRL10
Glicia travaille depuis octobre 2019 aux Petits Poètes, le centre d’animation du CRL10 ancré dans le quartier de la Grange-aux-Belles. Elle y a fondé un atelier couture et de nombreux projets socio-éducatifs.
D’origine brésilienne, Glicia rejoint la France par amour il y a quinze ans. Styliste-modéliste de profession, elle a appris la couture aux côtés de sa mère qui réalisait des costumes pour les défilés de sa ville, avant de se perfectionner dans l’école ESMOD à son arrivée en France. Après cinq années à travailler pour des maisons de couture, Glicia se consacre à ce qui l’anime réellement : le social et la transmission de son savoir-faire.
Enceinte de son deuxième enfant, Glicia s’investit dans le quartier de la porte de Vanves où elle vit et ressent un manque de lien social entre les habitant·e·s. Elle fonde alors l’association Les Petites Mains de la Porte de Vanves, avec laquelle elle organise déjà des ateliers couture, chez elle.
“Je me suis dit que je voulais utiliser mon métier pour faire quelque chose de joli, pour des gens qui en ont vraiment besoin.”
Glicia poursuit ses aspirations aux Petits Poètes, dans un quartier où elle n’a pas d’attaches et qui représente un nouveau défi pour elle. En janvier 2020, elle met en place un atelier couture gratuit. Elle apprend aux femmes qui viennent à lire un patron, les aide à choisir les tissus et les accompagne dans leurs créations avec pédagogie et bienveillance.
Pendant le premier confinement, elle impulse un mouvement de solidarité qui permet la création de plus de mille masques en tissus, alors encore très rares. Elle mobilise les participant·e·s de l’atelier et des habitant·e·s volontaires pour coudre des masques. Ils sont livrés à des associations restées ouvertes pendant le confinement par de jeunes coursiers du quartier.
Glicia engage les habitant·e·s dans l’embellissement de la Grange-aux-Belles, qu’elle aimerait transformer en petit Montmartre. L’été dernier, les pavés devant le centre ont été peints en couleurs, un projet pour lequel des jeunes du quartier ont été rémunérés. Cet hiver, elle a fait installer des illuminations le temps des fêtes. Les riverain·e·s en sont heureux·ses et descendent la remercier pour ces initiatives.
Bouillonnante d'idées, Glicia met en place depuis novembre un projet de paniers solidaires, avec l’aide d’associations. Ces paniers procurent des denrées essentielles à plus de soixante familles nécessiteuses.
Crédit photo : Thierry Rondol - M10
Ruth Zylberman, réalisatrice du documentaire Les Enfants du 209, rue Saint-Maur, Paris Xe, et Odette Kozuch, ancienne habitante de l'immeuble
Ruth Zylberman réalise entre 2013 et 2017 un documentaire sur l’histoire d’un immeuble parisien choisi un peu au hasard dans le 10e arrondissement, le 209 de la rue Saint-Maur. À partir de listes de recensement, elle cherche les enfants qui ont vécu dans l’immeuble pendant l’Occupation, et tente de reconstituer l’histoire de ces familles.
Odette Diamant est l’une de ses premières rencontres. Elle est née en 1930, au 209, rue Saint-Maur, dans un petit deux pièces. Elle est la cadette d’une fratrie de six enfants. Ses parents et ses premières sœurs sont arrivés de Pologne en 1923, ils sont juifs. Lors de sa rencontre avec Ruth, elle se souvient de tout, elle témoigne des bruits, des odeurs, des couleurs.
Enfant, Odette obtient une bourse et va au lycée Jules Ferry. Elle rêve de devenir professeure de français. Le nazisme va tout balayer. Ses parents, deux de ses sœurs, et un de ses frères sont déportés les uns après les autres, entre 1942 et 1944. Ils ne reviennent pas. Elle manque l’école de peur d’être arrêtée à son tour. À 13 ans, elle est contrainte d’abandonner et devient sténo-dactylo comme ses sœurs avant elle.
Veuve pour la première fois à 40 ans, elle choisit de poursuivre un rêve qui l’habite depuis longtemps. Elle quitte sa vie à Paris pour Tel Aviv et prend un nouveau départ. Elle apprend l’hébreu, travaille dur à l'hôpital pour gagner sa vie, se remarie. Elle y vit toujours, entourée d’une nouvelle famille de cœur.
Comme Odette, Ruth est née dans le 10e arrondissement. Après des études en lettres et histoire, elle devient l’assistante de Serge Moati au côté de qui elle apprend le métier de documentariste. Passionnée par les grandes questions historiques du XXe siècle comme le communisme, la Shoah ou Mai 68, elle écrit et réalise des documentaires pour Arte depuis 2002.
Odette hésite à participer au projet de documentaire. Le devoir de mémoire et les résurgences de l’antisémitisme la décident. Ruth est impressionnée par la clarté de ses souvenirs et par son histoire personnelle. Deux mois après leur premier échange téléphonique, Ruth rend visite à Odette à Tel Aviv, et ravive le plus délicatement possible ses souvenirs douloureux.
Devant et derrière la caméra, Odette et Ruth vivent ensemble des moments forts et émouvants. La lecture de la dernière lettre des parents d’Odette, écrite au crayon à papier, ou son retour au 209 en 2016, en font partie.
Pendant cette aventure, naît une amitié et une confiance qui dépassent la réalisation du documentaire et du livre qui en sera tiré, nourries par la grande admiration qu’elles se portent l’une à l'autre.
Crédit photo : M10

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