Prix Photo Sociale 2025 : quand la photographie donne un visage à la précarité en France

Évènement

Mise à jour le 15/05/2025

Deux mains
Créé en 2020, le Prix Photo Sociale vise à sensibiliser le public aux enjeux sociaux de notre temps à travers le regard de photographes engagés, témoins des réalités vécues par les plus vulnérables. Rendez-vous en Mairie du 10e du 28 mai au 25 juin pour découvrir les œuvres des trois finalistes de l'édition 2025 !
En France, la pauvreté touche aujourd'hui 9 millions de personnes, dont 2 millions se trouvent dans le dénuement le plus extrême, et plus de 300 000 d'entre eux vivent à la rue.
Derrière ces chiffres abstraits se dessine un visage humain, fragile, qu'on préfère trop souvent ignorer. Face à l’indifférence née de l’habitude, il est urgent de raviver les consciences, de donner corps et voix à celles et ceux que l’on croise au quotidien sans les voir. C’est là toute l’ambition du Prix Photo Sociale, créé en 2020 sous le nom de Prix Caritas Photo Sociale et porté par l'association L'Œil sensible : inviter chacun à plonger au cœur des réalités de la vulnérabilité et à s’arrêter sur des fragments d’existence que la société tend à invisibiliser.
Cette rencontre entre la photographie et l’engagement solidaire révèle la puissance d’une image : celle qui éveille, qui questionne et qui parfois dérange, pour mieux nous toucher. Le Prix Photo Sociale, depuis sa création, s’attache ainsi à soutenir et à faire rayonner le travail de photographes émergents qui, avec force et sensibilité, explorent les territoires fragiles de l’humanité.

Les trois finalistes de l'édition 2025 exposés en Mairie du 10e

affiche avec photo d'un homme en noir et blanc
Pour cette 5e édition du Prix Photo Sociale, le jury, présidé cette année Jane Evelyn Atwood, a désigné comme lauréate Marion Gronier, dont la série photographique, intitulée « Quelque chose comme une araignée », s'aventure dans l’univers labyrinthique de la santé mentale, là où l’irrationnel côtoie l’invisible. Respecter la dignité des personnes, conserver sa neutralité sans effacer l’émotion : tel est le pari relevé par la photographe avec une délicatesse bouleversante après s'être immergée au sein des institutions qui – paradoxalement, mais inévitablement – participent à l’invisibilisation des êtres qu’elles abritent.
Deux finalistes viennent enrichir l'exposition accueillie en Mairie du 10e du 28 mai au 25 juin 2025 :
  • Céline Villegas, qui signe une série photographique sur les bains-douches, ces havres éphémères où l’hygiène devient un rituel de dignité pour celles et ceux que la rue écorche ;
  • Morgan Fache, qui consacre son travail aux conditions d'habitat précaires que subissent nombre de Réunionnais, documentant par là même les problématiques culturelles et sociales qui marquent les territoires insulaires français, profondément influencés par leur passé colonial.
La photographe lauréate a bénéficié cette année d’une dotation de 3 000 € et les finalistes ont bénéficié d’une dotation de 300 € chacun.

Zoom sur la lauréate Marion Gronier

Une femme
Marion Gronier développe une œuvre photographique qui creuse le portrait pour en extraire sa puissance d’évocation, entre identification et altérité, dans des face-à-face sans échappatoire.
Après des études de lettres et de philosophie, elle a travaillé trois ans à l’agence VU’ avant de se consacrer à ses projets personnels qui se fixent sur les visages, en particulier ceux de personnes socialement stigmatisées ou marginalisées. Son travail se construit autour de deux axes : le premier vise à chercher dans les masques la figure du dédoublement, de l’absence à soi-même et de la mort dans la fixation photographique de pratiques performatives survivantes, quand le second s’attache à porter une critique des constructions d’assignation sociale que le portrait photographique peut autant produire qu’abolir.
Sa série « I am your fantasy » (2010-2011), diptyques fille-mère réalisés dans des concours amateurs de mini-miss dans le Nord de la France, a fait l’objet d’une exposition personnelle au musée de la Photographie de Charleroi en 2011 et d’une première monographie aux éditions Images en Manœuvres. Lauréate un an plus tard de la résidence BMW-Musée Niepce, Marion Gronier y réalise Les Glorieux, portraits d’artistes de cirques itinérants, exposés aux Rencontres d’Arles et à Paris Photo en 2013 et réunis dans un deuxième livre publié aux éditions Trocadéro. De 2013 à 2019, elle entreprend un travail aux États-Unis sur la violence de l'histoire coloniale à travers des portraits d’Amérindiens, de Mennonites et d’Afro-Américains. Cette série, intitulée « We were never meant to survive », a reçu à deux reprises l’Aide à la création photographique documentaire contemporaine du CNAP. Elle est éditée par Le Bec en l’air (2021) et a été exposée à la Galerie du Château d’eau à Toulouse ainsi que chez Agnès b. en 2023.
Pour en savoir plus : www.mariongronier.com
Informations pratiques
📅 Vernissage de l'exposition le lundi 2 juin 2025 à 18h45 dans le hall d'exposition de la Mairie du 10e en présence des artistes et des élu-e-s du 10e

📍 Du mercredi 28 mai au samedi 5 juillet 2025 à la Mairie du 10e, 72 rue du Faubourg Saint-Martin

🎟️ Entrée libre et gratuite