Les passerelles du canal Saint-Martin prennent les noms de grandes comédiennes

Actualité

Mise à jour le 11/06/2025

Pour célébrer le bicentenaire du canal Saint-Martin, les passerelles du canal Saint-Martin ont pris les noms de grandes comédiennes de l'histoire du théâtre et du cinéma français.
Mirabeau, Simone de Beauvoir, Charles de Gaulle, Léopold Sédar-Senghor, mais aussi les batailles d'Austerlitz ou de Bir-Hakeim… les ponts de la Seine ont depuis longtemps des noms. Désormais les passerelles du canal Saint-Martin les rejoignent.
Alors que la première pierre en a été posée il y a 200 ans, les élus du 10e et ceux du Conseil de Paris ont adopté un vœu pour baptiser ces passerelles si emblématiques de notre arrondissement.
Dans ce quartier des théâtres, et sur ce site régulièrement choisi comme décor pour le grand écran, il a été choisi de leur donner les noms de comédiennes et d'actrices. Un moyen de faire progresser la place des femmes dans l'espace public (environ 12% des lieux parisiens portent le nom d'une femme).

Dans cet arrondissement des théâtres, dans ce décor si souvent immortalisé au cinéma, il nous a paru, aux élus du 10e et à moi-même, logique et juste de rendre hommage aux grandes comédiennes de notre panthéon.

Alexandra Cordebard
Maire du 10e
Ainsi, sur les neuf passerelles que compte le canal Saint-Martin, huit ont été baptisées. La dernière dénomination sera révélée en juillet, après le vote de la délibération par le Conseil de Paris.

Arletty : l'atmosphère du 10e

La première comédienne à donner son nom ? Arletty bien sûr ! Trente ans après sa disparition, la célèbre gouailleuse parisienne, immortalisée par Marcel Carné dans "Hôtel du Nord" en 1938, avec sa fameuse "gueule d'atmosphère" continue de marquer l'histoire du canal Saint-Martin. Même si le film avait été tourné en studios, c'est bien sur l'écluse des Récollets qui reste associée à cette actrice majeure du cinéma des années d'avant-guerre : et ainsi, c'est tout naturellement l'ancienne passerelle de la rue de la Grange-aux-Belles qui a pris son nom.

Maria Casarès : tout près d'Albert Camus

Une deuxième passerelle prend à l'automne 2022 le nom de la tragédienne Maria Casarès. Née en Espagne, cette française d'adoption qui aurait eu 100 ans en cette année, fut une grande figure du théâtre des années 1940, 1950 et 1960. Elle a notamment participé aux premières éditions du festival d'Avignon, au sein de la troupe du Théâtre National Populaire de Jean Vilar. En voyant son nom s'inscrire dans le 10e (l'ancien pont de la rue Eugène Varlin) elle rejoindra ainsi celui qui fut son grand amour, Albert Camus, dont une rue porte le nom dans le quartier voisin de la Grange-aux-Belles.

Emmanuelle Riva, entre théâtre et cinéma

Enfin, troisième époque avec Emmanuelle Riva. Révélée en 1959 par "Hiroshima mon amour" d'Alain Resnais, sa longue carrière l'a longtemps conduite vers les planches tandis qu'elle se faisait plus discrète sur le grand écran. En 2012, au cours d'une de ses dernières apparitions cinématographiques, dans "Amour" de Michael Haneke, elle reçoit finalement le César de la meilleure actrice. C'est la passerelle de l'avenue Richerand qui portera sa mémoire.

Michèle Morgan : les beaux yeux du canal

En février 2025, Michèle Morgan a donné son nom à une quatrième passerelle ! De son vrai nom Simone Roussel, la comédienne adopte le pseudonyme de Michèle Morgan, inspiré par la banque américaine éponyme et par amour pour un camarade qui lui confie « rêver d’une Michèle dans [sa] vie ». Au fil de sa carrière, riche de plus de 70 films, elle joue notamment dans Quai des brumes où Jean Gabin lui adresse la célèbre réplique : « T'as d'beaux yeux, tu sais. » Elle est récompensée par le Grand Prix d’interprétation féminine au premier festival de Cannes de 1946, puis par un César d’honneur en 1992 et un Lion d’or d’honneur en 1996. C'est la passerelle à la hauteur de la rue Bichat qui perpétuera sa mémoire.
Une femme

Bernadette Lafont, libre et militante

À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2025, Bernadette Lafont s'est inscrite entre les rives du canal. La comédienne va rapidement devenir l’une des figures de proue d’un cinéma en pleine mutation. L'artiste refusait les étiquettes, brouillait les frontières entre la comédie et le drame, entre l’intime et le politique. Fervente militante pour le droit à l'avortement, elle a d'ailleurs signé en 1971 le Manifeste des 343, revendiquant haut et fort le droit des femmes à disposer de leur corps. En 2003, elle a ainsi été couronnée d'un César d'honneur, pour l'ensemble de sa carrière.
Une femme au téléphone