Renaissances culturelles : deux salles historiques rouvertes dans le 10e

Focus

Mise à jour le 27/02/2019

Sommaire

En cinq ans, entre 2013 et 2018, la mobilisation de la Ville de Paris et de la Mairie du 10e a permis la réouverture de deux établissements culturels emblématiques de notre arrondissement : le Louxor et la Scala.

Le Louxor, palais du cinéma

Inauguré en 1921, le Louxor est un rare exemple de l'architecture néo-égyptienne de l'entre-deux-guerres : si l’Égypte est à la mode dans la France des années 1920, surtout après la découverte du tombeau de Toutankhamon, il s'agit en effet de l'unique exemple parisien. Pour trouver des établissements semblables, il faut aller à Hollywood, avec le Grauman’s Egyptian Theatre, qui ouvre ses portes en 1922.
Si le Louxor est une salle luxueuse, la variété des programmes et des tarifs permet d’attirer une clientèle nombreuse et diversifiée. En 1929, la société Pathé devient gérante puis propriétaire du Louxor en même temps qu’une vingtaine d’autres salles. Le "Palais du cinéma" devient le "Louxor-Pathé", et l'année suivante, d’importants travaux sont engagés. Le style égyptien est abandonné au profit d’un décor néo-grec, plus à la mode.
Après-guerre, le Louxor connaît son âge d'or : en 1946, près de 730 000 spectateurs s'y pressent. Mais dès la fin des années 1950, la fréquentation baisse. Le Louxor tente de résister : de grands travaux de rénovation sont réalisés : le nombre de sièges est réduit, la salle améliore l’ensemble de son matériel technique et se convertit au cinémascope.
Le Louxor parvient à maintenir une fréquentation viable jusqu’à la fin des années 1970, mais ne résiste pas à l’irrémédiable chute du nombre de spectateurs qui s’amorce en 1976, et qui voit la fréquentation baisser jusqu'à 275 000 entrées en 1982. Le 29 novembre 1983, le Louxor ferme ses portes, et le lendemain, l'enseigne Tati devient propriétaire du lieu pour six millions de francs.
En parallèle, dès la fin des années 1970, une réflexion s'engage sur la sauvegarde de cette salle historique. En 1981, le nouveau ministre de la Culture, Jack Lang, inscrit la façade et la toiture du Louxor à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques.
Les projets de réaménagement se succèdent, sans succès. Projet de restructuration par Pathé, tentative de création d'un magasin par Tati… Finalement, en 1986, le Louxor se transforme en boîte de nuit, mais les établissements ferment tous successivement.
Au cours des années 1990, le Louxor se détériore peu à peu. Le classement de l'édifice le protège d’une destruction ou d’une restructuration inadaptée, mais le propriétaire ne répond pas aux demandes de ravalement de la façade. Les habitants du quartier, regroupés dans l’association Action Barbès, se mobilisent à partir de 2001 pour sauver le Louxor.
La Ville de Paris, sensible à cette démarche, engage alors de longues négociations avec les propriétaires, et le 25 juillet 2003, elle acquiert le Louxor.
En 2007, la Ville de Paris fait le choix de rendre au Louxor sa fonction initiale. Ravalement, désamiantage, acoustique, équipement technique et cinématographique, accessibilité, sécurité : d'importants travaux sont engagés et permettent l'aménagement de trois salles.
Finalement, en 2011, une consultation est émise par la Ville de Paris pour attribuer la gestion du Louxor, et en avril 2013, le Louxor est ré-inauguré.
En tout, ce sont près de 25 millions d'euros qui ont été investis par la Ville de Paris dans la réhabilitation du Louxor.
Le Louxor, palais du cinéma
Adresse : 170 boulevard de Magenta
Téléphone : 01 44 63 96 98
Site : cinemalouxor.fr

La Scala

Construite en 1873, la Scala fut l'un des plus célèbres et des plus beaux cafés-concerts du Paris de la Belle Époque. Vaste théâtre à l'italienne comprenant trois balcons, un grand parterre et une immense coupole de verre s'ouvrant sur le ciel, la Scala compte alors 1 400 places, et devient rapidement la salle le plus élégante de la capitale, en même temps que le lieu de consécration des plus grands interprètes. Pendant près de quarante ans, vont s'y produire des artistes comme Mistinguett, ou les chanteuses Yvette Guilbert, Fréhel ou Damia.
Malgré la Première Guerre mondiale qui entraîne une fermeture de la salle, et les changements de mode, la Scala parvient à se réinventer dans le théâtre de boulevard. Mais la crise économique du début des années 1930 oblige la salle à s'engager dans une mue plus profonde.
Ainsi, en 1936, la Scala est convertie en cinéma art déco. L'architecte Maurice Gridaine démolit le théâtre à l'italienne, et construit un grand balcon de béton de 400 places, crée 800 places au parterre, installe un écran panoramique et offre à la salle une acoustique qui fera sa renommée. La Scala présente alors en exclusivité les meilleurs films pendant trois décennies, comme ceux de Jacques Tati, de Luis Buñuel ou de Jean-Luc Godard.
Nouvelle transformation, les années 1970 voient la Scala devenir le premier multiplexe parisien. Sa programmation évolue également, puisque la salle diffuse désormais des films érotiques. Mais le cinéma survit difficilement, et finit par fermer ses portes en 1999.
Après plusieurs années, grâce à la mobilisation des artistes et de la Ville de Paris, et pour préserver cette salle, la municipalité choisit alors de classer non pas les murs du cinéma (alors en ruines), mais la destination du lieu.
La Scala doit rester un lieu de culture pour les Parisiennes et les Parisiens. Pour soutenir le projet des repreneurs de la salle, la Ville a par ailleurs débloqué des fonds en faveur de la réhabilitation.
La Scala
Adresse : 13 boulevard de Strasbourg
Téléphone : 01 40 03 44 30
Courriel : [contact puis lascala-paris.com après le signe @]pbagnpg@ynfpnyn-cnevf.pbz[contact puis lascala-paris.com après le signe @]
Site : lascala-paris.com