Exposition-événement : Juste Femme

Actualité

Mise à jour le 19/02/2025

Femme Juste parmi les Nations
À l'occasion de la Journée internationale pour les droits des femmes et du 80e anniversaire de la libération des camps d'Auschwitz-Birkenau, la Mairie du 10e s'associe au Comité français pour Yad Vashem et accueille, du 6 mars au 10 avril, une exposition dédiée aux femmes Justes parmi les Nations.

Une exposition en hommage aux femmes Justes parmi les Nations

Informations pratiques

📆 Vernissage jeudi 6 mars 2025 à 18h45 en présence de la Maire et des élus du 10e, ainsi que des membres du Comité français pour Yad Vashem

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Visite guidée le mardi 18 mars 2025 à 18h
avec David Sztabholz, vice-président du Comité français pour Yad Vashem, suivie d'une conférence en présence du journaliste François-Guillaume Lorrain, animée par Sandrine Treiner et organisée dans le cadre du cycle de rencontres DIXIT.
Attention, le nombre de places pour la visite guidée est limité ! Réservation gratuite en écrivant à [mairie10 puis paris.fr après le signe @]znvevr10@cnevf.se[mairie10 puis paris.fr après le signe @].

📍 L'exposition est à découvrir en accès libre du 6 mars au 10 avril 2025 dans le hall d'exposition du rez-de-chaussée de la Mairie du 10e (72 rue du Faubourg Saint-Martin / accès PMR au 1, rue Hittorff) aux horaires habituels d'ouverture.

« Qui sauve une vie sauve l'humanité tout entière » : cet adage, tiré du Talmud, est gravé sur chaque médaille décernée aux Justes parmi les Nations, ces hommes et ces femmes qui, au péril de leur vie, ont caché des juifs pour les protéger des persécutions et de la déportation avec un courage exemplaire.
Le titre de Juste parmi les Nations est la plus haute distinction civile de l’État d’Israël, remise officiellement par Yad Vashem, l’Institut international pour la mémoire de la Shoah à Jérusalem.
L’exposition Juste Femme, à découvrir dans le hall de la Mairie du 10e du 6 mars au 10 avril 2025, a été conçue spécialement par le Comité Français pour Yad Vashem à l'occasion du 80e anniversaire de la libération des camps d'Auschwitz-Birkenau, commémoré fin janvier dans l'arrondissement comme partout en France, et de la Journée internationale des droits des femmes.
À travers une quinzaine de panneaux illustrés de photographies d'époque, cette exposition participe au nécessaire travail de mémoire en rendant hommage aux Justes parmi les Nations qui ont sauvé des juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, parmi lesquels de nombreuses femmes. Leurs parcours sont ici retracés en textes et en images, et complétés par des enregistrements sonores inédits extraits du podcast « La Voix des Justes ».

« La Voix des Justes » : un podcast exceptionnel pour continuer à faire vivre la mémoire des Justes parmi les Nations

portraits mêlés de Justes parmi les Nations
En effet, l'exposition Juste Femme propose aux visiteurs d’entendre la voix de ces Justes en scannant un QR code qui renvoie vers le podcast « La Voix des Justes ». Diffusé sur le site de France Culture et l’application Radio France depuis octobre 2022, il retrace en dix épisodes, orchestrés par la narration de plusieurs personnalités françaises, le parcours de dix Justes parmi les Nations qui ont caché et sauvé des juifs partout en France pendant la Shoah.
Créé par le Comité français pour Yad Vashem en partenariat avec France Culture, ce podcast constitue le premier corpus européen d'archives sonores sur les Justes parmi les Nations. Fruit d’un travail colossal mené par le Comité français pour Yad Vashem et par la directrice du Département des Justes, Corinne Melloul, qui a minutieusement collecté et enregistré pendant plus de 23 ans les indispensables témoignages des personnes sauvées ainsi que ceux de leurs sauveurs, ce programme a été distingué par le 2e prix décerné au Paris Podcast Pro dans la catégorie « Grande Cause ». En s'appuyant sur les nouvelles technologies, cette création originale permet de repenser la transmission mémorielle pour mieux toucher les jeunes générations, à l'heure où disparaissent les derniers témoins. Une seconde série de podcasts est actuellement en préparation.

Les Justes du 10e arrondissement de Paris

Catherine Androulakis, Gina Libera, Clémence Henriette Grangier, Madeleine (Richard) Perret, Baptistine (Bradesi) Vermeulen et Jeanne (Laboureur) Bosselut : ces six femmes ont en commun d'avoir habité le 10e arrondissement au siècle dernier et d'avoir été distinguées comme Justes parmi les Nations.
L'exposition Juste Femme, initiée par Catherine Vieu-Charier au sein du Comité français pour Yad Vashem, célèbre leur mémoire et met en lumière chacune de leurs histoires, tout à la fois uniques et similaires. Elles s'ancrent toutes dans les rues du 10e que nous arpentons aujourd'hui sans toujours deviner ce qui s'y est joué pendant l'Occupation, et illustrent le courage de ces héroïnes de l'ombre, véritable « armée de cœurs » déterminée à contrer la barbarie nazie.
Nous vous proposons ci-dessous une courte présentation du parcours héroïque de trois de ces femmes Justes qui habitaient le 10e arrondissement.
Jeanne et Alexis Bosselut
Jeanne et Alexis Bosselut habitaient avec leur fille Janine en plein cœur du 10e, dans le quartier de la République au 25 rue de l’Entrepôt. Leurs voisins de palier, d’origine juive, s’appelaient Jacob et Tauba Pinel.
À la déclaration de la guerre en 1939, Jacob s’engage dans l’armée et restera prisonnier de guerre en Allemagne durant tout le conflit. Après la rafle du Vel d’Hiv, Tauba, toujours à Paris, décide de confier son fils Samuel, né en 1937, au centre de l'Union générale des Israélites de France. Le petit garçon est ensuite envoyé à la Maison d’Izieu et, alors qu’elle tente de passer en zone sud, Tauba est arrêtée par la gendarmerie puis envoyée au camp de Douadic en février 1943. Alors qu’elle s’apprête à être déportée, en juillet 1944, à Bergen-Belsen, elle réussit à prévenir les Bosselut d’aller chercher son fils à Izieu. Grâce à eux, Samuel échappe de peu à la rafle des enfants d’Izieu le 6 avril 1944.
Le jeune garçon vivra dans cette famille adoptive, malgré les risques encourus, jusqu’au retour de ses parents en mai 1945, et conservera toute sa vie un lien un lien très fort avec les Bosselut.
Le 6 mai 1997, Yad Vashem, Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Jeanne et Alexis Bosselut le titre de Justes parmi les Nations.
Gina Libera
Gina Libera, née en 1912 en Italie, est naturalisée française en 1935. Elle tient un kiosque à journaux dans le 9e arrondissement de Paris et habite au 8 rue du Faubourg Poissonnière, dans le 10e, tout près de la famille Stoutzer avec qui elle se lie d’amitié.
Pendant l'Occupation, Hirsch et Rosa Stoutzer, qui tiennent un magasin de fourrures, portent l'étoile jaune et voient finalement leur commerce confisqué pour être confié aux mains d'un gérant « aryen ». Quand le danger et les rafles s’intensifient, la famille, prévenue par des policiers, trouve toujours refuge chez Gina qui, au péril de sa vie, leur offre le gîte et le couvert. Celle-ci cache aussi leurs bijoux et leurs tissus, qui leur seront intégralement restitués après la libération. Elle propose également aux Stoutzer d’envoyer leur fils Roger passer les vacances scolaires dans le Morbihan avec son propre fils Jean, chez son ex-belle-sœur et beau-frère.
Le 3 décembre 2007, Yad Vashem, Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Gina Libera le titre de Juste parmi les Nations. Elle a été promue Chevalier de la Légion d’Honneur quelques mois plus tard.
Catherine Androulakis
En 1943, Catherine Androulakis, alors âgée d’une trentaine d’années, vit avec son mari dans un petit appartement au 133 rue du Faubourg du Temple dans le 10e. Elle fait confectionner toutes ses robes par Eti Starosta, une couturière juive dont le mari, mobilisé, a été fait prisonnier de guerre par les Allemands.
Dans la nuit du 18 mars 1943, des soldats allemands accompagnés de policiers français envahissent l’immeuble où vit Eti dans le 12e arrondissement. Terrorisée par les coups sur la porte, elle se mure dans le silence et se terre au fond de son tout petit appartement.
Tous les juifs de l’immeuble seront déportés et assassinés en captivité. Seuls les enfants sont épargnés grâce aux supplications d’Eti, qui rejoint ses neveux âgés de 13 et 15 ans, restés dans l’appartement. Elle fait alors prévenir Catherine Androulakis qui vient les aider et décide de cacher la jeune femme dans son minuscule appartement.
Par la suite, Catherine Androulakis s’occupe de trouver des clients pour son amie, puis un appartement, et réussit à lui obtenir une fausse carte d’identité qui lui permet de circuler librement dans Paris.
Apprenant que les deux neveux d’Eti sont sur le point d’être arrêtés et déportés, Catherine Androulakis les accueille quelques jours malgré les dangers, puis réussit à placer le plus jeune dans une institution pour enfants tandis que l’aîné reste vivre avec sa tante.
A la Libération, Eti retrouve son mari. Si ses deux neveux et elles sont sains et saufs, c’est grâce à la générosité et au courage de Catherine Androulakis.
Le 25 septembre 1991, Yad Vashem, Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à cette dernière le titre de Juste parmi les Nations.
Pour en savoir plus sur ces femmes et découvrir le portrait des autres Justes du 10e, rendez-vous le jeudi 6 mars pour assister au vernissage de l'exposition Juste Femme, accueillie en Mairie du 10e jusqu'au 10 avril 2025.

Le Comité français pour Yad Vashem

À l'origine de l'exposition Juste Femme et du podcast « La Voix des Justes », le Comité français pour Yad Vashem, association loi 1901 créée en 1989, a pour mission première de faire reconnaître et honorer les Justes parmi les Nations.
Composé de 4 membres permanents et d'une quarantaine de bénévoles et délégués régionaux, ce Comité présidé par Patrick Klugman œuvre à la reconnaissance de ces hommes et de ces femmes qui ont fait face à l'ennemi et caché des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, au péril de leur vie, illustrant par leurs actions héroïques et désintéressées les valeurs d'humanisme et de solidarité.
Grâce notamment à l'engagement de Corinne Melloul, historienne de formation et directrice du Département des Justes depuis 2001, on compte aujourd'hui en France plus de 4 300 Justes parmi les Nations, dont les histoires sont précieusement documentées et consignées.
En parallèle, le Comité français pour Yad Vashem organise chaque année des séminaires de formation à l'enseignement de la Shoah. Pour donner un avenir à la mémoire et ne jamais oublier.