« Parcours Mémori.elles » : sur les traces des femmes combattantes dans le 10e
Focus
Mise à jour le 12/03/2025

Sommaire
Lancés en mars 2025 à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, les « Parcours Mémori·elles » proposent 17 itinéraires thématiques à travers la capitale sur les traces de personnalités féminines honorées par la Ville. Découvrez sur cette page le détail du parcours dédié aux femmes combattantes dans le 10e !
La féminisation de l'espace public, une priorité politique
Engagée dans la lutte en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, la Ville de Paris a souhaité accroître la place et la visibilité de la mémoire des femmes dans l’espace public. Au cours des dix dernières années, 353 femmes ont ainsi été mises à l’honneur, avec notamment 133 nouvelles dénominations de voies et 66 plaques commémoratives.
Rien que dans le 10e, 11 nouvelles dénominations féminines ont été attribuées depuis 2020 dont la bibliothèque Claire Bretécher, le jardin VIllemin-Mahsa Jîna Amini, le terrain d'éducation physique Agnes Tirop, la place Angélique du Coudray et, tout récemment, la passerelle Michèle Morgan et le pont Bernadette Lafont.
Les « Parcours Mémori.elles », officiellement lancés le 8 mars 2025 dans le 20e arrondissement, s’inscrivent dans cette dynamique. Ils proposent à travers la capitale 17 itinéraires thématiques invitant à découvrir près de 200 femmes savantes, artistes, révolutionnaires ou encore militantes, qui ont par leurs actions, leurs engagements, leurs
créations ou leurs rôles déterminants dans la vie de notre pays participé au
rayonnement de Paris. Chaque promenade, une par arrondissement, met ainsi en lumière leurs combats, leurs héritages et les lieux qui leur rendent hommage.
Les combattantes du 10e
Adulées et célébrées ou au contraire méconnues et oubliées, voire occultées, les femmes ont marqué notre histoire sans toujours avoir leur juste place dans notre mémoire.
Le
« Parcours Mémori.elles » imaginé dans le 10e arrondissement par la Ville de Paris leur rend hommage en invitant à découvrir plus particulièrement les destins d’une dizaine de militantes et activistes : les combattantes du 10 e.
Prison Saint-Lazare

Prison Saint-Lazare
Credit
Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Ancienne léproserie transformée en couvent au XVIIIe siècle, la Maison Saint-Lazare devient une prison sous la Révolution, réservée aux femmes à partir de 1794. Devenue un « hôpital-prison » (1811), l’édifice est réaménagé à partir de 1824 par l’architecte Louis-Pierre Baltard (père de Victor Baltard). À la fois maison d’arrêt et de correction, on y enferme aussi bien des condamnées pour crimes et délits que des prostituées, mais aussi des femmes « moralement corrompues » ayant attenté au joug paternel ou conjugal ou encore des femmes atteintes de la syphilis.
Plusieurs personnalités ont été internées à la prison Saint-Lazare, telles que Louise Michel, Germaine Berton, Marguerite Steinheil, Mata Hari, Marthe Hanau ou encore Henriette Caillot.
📍 Square Alban Satragne
Pour en savoir plus sur l’édifice, cliquez ici.
Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez

Plaque commémorative
Credit
Ville de Paris
Dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013, Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez, trois militantes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), sont assassinées dans les locaux du Centre d’information sur le Kurdistan, au 147 rue La Fayette, dans le 10e arrondissement. L’enquête judiciaire a mis en évidence que l’un des mobiles les plus plausibles de ce triple meurtre pouvait être mis en relation avec les activités supposées d’Ömer Güney, le tireur présumé, au sein des services secrets turcs. Omer Güney, atteint d’un cancer du cerveau, meurt fin 2016, quelques semaines avant l’ouverture de son procès.
Ce triple assassinat a suscité une très vive émotion et nombre de manifestations appelant à la justice et à la vérité.
Pour en savoir plus, cliquez ici.
📍 Plaque commémorative située au 147 rue La Fayette
Marielle Franco

Marielle Franco
Credit
Flickr
Née dans une favela de Rio de Janeiro le 27 juillet 1979, c’est aussi au cœur d’un de ces bidonvilles que Marielle Francisco da Silva, dite Marielle Franco, trouve la mort, assassinée, le 14 mars 2018. Elle aura consacré toute sa vie à la défense des habitants de ces quartiers pauvres et plus largement à la lutte pour la justice et les droits humains.
Diplômée en sciences sociales grâce à une bourse du programme « Université pour tous », mise en place par l’ancien président Lula, Marielle Franco rejoint le Parti socialisme et liberté (PSOL), fondé en 2004, au sein duquel elle combat contre le racisme, le sexisme et l’homophobie en tant que conseillère et élue. Présidente de la Commission de Défense de la Femme, elle présente également des projets de loi sur la garantie d'accès à l'avortement et l'ouverture des crèches la nuit.
En mars 2018, lorsque le gouvernement de Michel Temer lui confie la mission de suivre la sécurité publique dans les favelas, elle dénonce publiquement les abus commis par des bataillons de la police militaire. Elle est tuée par arme à feu quelques jours plus tard. Elle avait 38 ans. La mort de Marielle Franco suscite une vive émotion et donne lieu à de nombreuses manifestations dans tout le Brésil. Des rues à son nom fleurissent à travers le monde.
📍 Jardin Marielle Franco, 48 rue d'Alsace
Dulcie September

Dulcie September
Credit
Instagram @rememberdulcieseptember
Militante anti-apartheid, Dulcie September, représentante de l’ANC (African National Congress) pour la France, la Suisse, le Luxembourg, est assassinée à Paris en 1988. Son meurtre ne sera jamais élucidé. Née en 1935 à Cape Town en Afrique du Sud, cataloguée métisse, Dulcie September subit dès son enfance les blessures de l’Apartheid, les lois racistes mises en place en Afrique du Sud à partir de 1913. Jeune institutrice, elle se révolte contre la ségrégation et son militantisme lui vaut d’être condamnée à cinq ans de prison, puis assignée à résidence.
Exilée à partir de 1973 au Royaume-Uni, elle rejoint l’ANC de Nelson Mandela et s’attache à mobiliser l’opinion internationale autour de la situation de la jeunesse et des femmes en Afrique du Sud. Considérée jusqu’alors comme une organisation terroriste, l’ANC est autorisée à ouvrir un bureau à Paris en 1981, dont Dulcie September prend la tête. C’est devant ces locaux, situés au 28 de la rue des Petites Écuries dans le 10e arrondissement, qu’elle est abattue le 29 mars 1988, trois ans avant la fin de la politique ségrégationniste de la République sud-africaine.
📍 Place Dulcie September
Madeleine Braun

Madeleine Braun
Credit
Wikimedia Commons
Militante infatigable du féminisme et de l’antifascisme, Madeleine Braun est la première vice-présidente de l’Assemblée nationale, incarnant ainsi une mutation majeure de la vie politique française.
Née en 1907 à une époque où les femmes n’ont pas encore le droit de vote, Madeleine Braun fait partie des premières femmes élues. Après la faculté de droit, elle épouse l’homme d’affaires Jean Braun, mais tient à garder une indépendance financière et un rôle social. Démocrate et pacifiste, elle soutient l’Espagne républicaine et contribue à l’aide aux réfugiés antifranquistes, avant de rejoindre la Résistance française lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale. Son courage lui vaudra d’être décorée de la croix de chevalier de la Légion d’honneur et la Croix de guerre.
Le 8 novembre 1944, elle est désignée comme déléguée à l’Assemblée consultative provisoire, le « Parlement de la Résistance ». En 1946, élue sur une liste du Parti Communiste, elle est l’une des 33 premières femmes à siéger à l’Assemblée nationale, dont elle est élue vice-présidente le 14 juin. En 1951, écartée du Parti Communiste, elle s’éloigne de la politique et devient co-directrice avec Louis Aragon des Éditeurs français réunis, où elle publie de nombreux auteurs dont Paul Valéry, Paul Eluard ou Vladimir Maïakovski. Madeleine Braun décède le 22 janvier 1980 à Saint-Cloud.
📍 Place Madeleine Braun
Mahsa Jîna Amini

Manifestation de protestation contre le régime iranien après la mort de Mahsa Jîna Amini
Credit
Wikipedia
Depuis sa mort le 16 septembre 2022, Mahsa Jîna Amini est devenue, pour le monde entier, le visage de la lutte des femmes iraniennes pour leurs droits et leur liberté.
Cette jeune femme d’origine kurde a tout juste 22 ans et s’apprête à entrer à l’université lorsque, au cours d’un séjour à Téhéran, elle est arrêtée par la police des mœurs du régime, accusée d’avoir mal porté son hidjab. Elle meurt trois jours plus tard à la suite des graves violences subies en garde-à-vue.
Le décès de Mahsa Jîna Amini déclenche, en Iran, une vague de contestation sans précédent par son ampleur, son intensité et sa durée. Porté d’abord par les femmes, le mouvement est suivi par une large partie de la jeunesse et de la population, malgré la violence de la répression qui fait plus de 500 morts et entraîne plus de 20 000 arrestations.
Le choc et l’indignation, relayés par les réseaux sociaux, se propagent dans le monde entier. Des manifestations de soutien rassemblent des milliers de personnes, aux cris de « Femme, Vie, Liberté ».
📍 Jardin Villemin-Mahsa Jîna Amini, 2 avenue de Verdun
Madeleine Tribolati

Madeleine Tribolati
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Wikipedia Commons
Figure éminente du syndicalisme français, Madeleine Tribolati a joué un rôle majeur dans le combat pour l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes.
Née en 1905 dans une famille populaire du 14e arrondissement de Paris, Madeleine Tribolati commence à travailler à l’âge de 15 ans, comme employée de bureau. Son idéal de justice sociale la conduit à s’engager, dès 1924, au sein du syndicalisme féminin chrétien, dont elle suit les formations et gravit tous les échelons.
Dès les années 1930, Madeleine Tribolati concilie la position traditionnelle de l’Église sur « la place naturelle des mères au foyer » et le droit au travail pour toutes les femmes. En 1936, elle est l’une des principales négociatrices pour les syndicats féminins. Même après leur dissolution, à la Libération, elle continue à se faire l’avocate de l’égalité professionnelle. Élue vice-présidente de la CFTC en 1948, elle participe aux négociations pour la création du SMIG en 1950. Elle se bat ensuite pour la généralisation des retraites complémentaires, obtenue en 1972. Elle prend sa retraite en 1975, devenant présidente d’honneur de la CFTC. Elle décède en 1995.
Pour en savoir plus, cliquez ici.
📍 Square Madeleine Tribolati, 2 bis, rue Robert Blache
Cyla Wiesenthal

Plaque de la place Simon et Cyla Wiesenthal
Credit
Ville de Paris
Cyla Muller naît en 1908 dans l’est de l’Autriche-Hongrie au sein d'une famille juive de Boutcha (aujourd’hui en Ukraine). Elle rencontre Simon Wiesenthal sur les bancs du collège et l’épouse en 1936. Trois ans plus tard, le Pacte germano-soviétique signe la fin des années de leur bonheur. Aux purges soviétiques menées contre les éléments bourgeois et juifs succède l’invasion allemande en 1941. Le couple réussit à survivre à l’horreur du travail forcé et des camps de concentration et se retrouve en 1945. Mais 90 de leurs proches périssent dans l’Holocauste.
Simon Wiesenthal consacrera le reste de sa vie à traquer les anciens nazis et à documenter leurs crimes. Plus de 1 000 anciens nazis seront ainsi démasqués, parmi lesquels Adolf Eichmann et Josef Mengele. Son épouse Cyla le soutiendra dans son combat jusqu’à sa mort, le 10 novembre 2003.
📍 Place Simon et Cyla Wiesenthal.
Juliette Dodu

Juliette Dodu
Credit
Ville de Paris
Née en 1848 à Saint-Denis de La Réunion, Juliette Dodu rejoint la France à 16 ans, où sa mère, veuve, a trouvé un travail comme directrice du bureau télégraphique de Pithiviers. Éclate quelques années plus tard la guerre de 1870 : les Prussiens envahissent la ville et le poste télégraphique. Juliette Dodu serait alors parvenue à intercepter les dépêches d’importance stratégique reçues et envoyées par l’ennemi, qu’elle fait ensuite parvenir aux autorités françaises.
Cet acte de résistance lui vaut d’être décorée, ainsi qu’une vingtaine d’autres agents du service télégraphique. Elle est rendue célèbre par la parution d’un article dans Le Figaro en 1877. L’année suivante, elle est nommée Chevalier de la Légion d'honneur.
Plusieurs historiens, faute de sources, ont remis en cause la véracité de l’histoire de Juliette Dodu. Elle n’en demeure pas moins emblématique des comportements héroïques de nombreux agents des télégraphes en 1870. Et Juliette Dodu reste la première femme à obtenir la médaille militaire et la croix de la Légion d’Honneur à titre militaire.
📍 Rue Juliette Dodu
Françoise Seligmann

Françoise Seligmann
Credit
Wikipedia Commons
Résistante, journaliste, femme politique, Françoise Seligmann s’est illustrée sa vie durant dans le combat contre toute forme d’inégalité, d’injustice et d’aliénation.
Née à Marseille en 1919, Françoise Seligmann entre dans la Résistance dès 1941, organisant un circuit d’évasion pour des enfants juifs, des résistants ou des réfugiés politiques, et participant à des missions de renseignement et à des actions de commando. Après une collaboration avec l’équipe du journal Combat en août 1944, elle fonde et dirige en 1946 l’hebdomadaire féministe La Française.
Adhérente dès 1949 de la Ligue des Droits de l’Homme, dont elle sera vice-présidente de 1970 à 1994, Françoise Seligmann est également très engagée dans la vie politique, exerçant elle-même un mandat de sénatrice de 1992 à 1995. En 2006, elle crée la Fondation Seligmann, dédiée au vivre-ensemble, à la lutte contre le racisme et le communautarisme. Elle s’éteint en 2013, à l’âge de 93 ans.
📍 Collège Françoise Seligmann, 21, rue de Sambre-et-Meuse
Marie Moinon

Plaque de la rue Jean et Marie Moinon
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Wikimedia Commons
Marie Tible épouse à Paris Jean Moinon avec qui elle tient un café-restaurant au 19, rue du Buisson-Saint-Louis. C’est là qu’ils entrent en résistance, leur établissement servant de boîte aux lettres aux courriers clandestins. C’est là aussi qu’ils sont arrêtés par la Gestapo le 22 janvier 1944. Déportés et envoyés dans les camps, lui à Neuengamme et elle à Ravensbrück, ils n'en reviendront pas.
En juin 1946, la rue prend le nom de Jean Moinon, en même temps que sont baptisées de noms de Résistants d'autres rues du 10e arrondissement : Jacques Louvel-Tessier, Jean Poulmarch, Lucien Sampaix, Robert Blache et Yves Toudic.
Il faut attendre 2012 pour que le nom de Marie rejoigne celui de son mari sur la plaque commémorative. Jean et Marie Moinon ont été unis dans la vie, dans le combat de la Résistance et dans la mort ; il était légitime qu'ils soient aussi réunis dans le nom de cette rue qui rend hommage à leur courage et à leur engagement.
📍 Rue Jean et Marie Moinon