Focus

Théodore Fraenkel : par-delà l'oubli, l'hommage à un surréaliste

Mise à jour le 10/01/2022
Au début du mois de décembre 2021, la Ville de Paris et la Mairie du 10e ont voulu rendre hommage à une figure méconnue du mouvement Dada et du surréalisme : Théodore Fraenkel. Une plaque a été apposée sur l’immeuble où il vécut jusqu’à sa disparition en 1964, au 11, rue Taylor.
Médecin et homme de lettres proche du mouvement Dada et des surréalistes, Théodore Fraenkel a presque disparu des mémoires. Il faut dire qu’il avait tout fait pour, refusant même que son nom figure sur sa tombe…
Pourtant, grâce à l’écrivain Gérard Guégan qui a publié sa biographie cette année (Éditions de l’Olivier), Théodore Fraenkel est sorti de l’oubli, et les mille et une facettes de sa vie sont reparues.
Au lycée, il se lie d’amitié avec André Breton, qui le suit sur les bancs de la faculté de médecine. Mobilisé en 1915, Fraenkel officie comme chirurgien militaire. Entre deux affectations, de Paris à Nantes en passant par Odessa, il assiste de près aux débuts de la révolution d’octobre, il écrit quelques poèmes.
À la fin de la guerre, c’est l’heure d’un autre tourbillon, intellectuel cette fois : le mouvement Dada, le surréalisme et l’avant-garde parisienne. Fraenkel est partout, côtoie les plus grands, de Desnos à Picabia en passant par Éluard, Aragon et Tzara. Il écrit très peu, mais tous lui reconnaissent une influence essentielle sur leur art et leurs mouvements.
Mais Fraenkel n’oublie ni la médecine, ni l’engagement. Chef de laboratoire à l’hôpital Bretonneau, il part pour Barcelone en pleine guerre d’Espagne pour soigner les blessés républicains. Pendant la guerre, le voilà qui rejoint la France Libre, puis qui s’engage jusqu’en 45 dans l’escadrille franco-russe Normandie-Niemen. Des années plus tard, il signera le Manifeste des 121, pour le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie. Et jusqu’au bout, il continuera d’exercer la médecine, soignant les plus démunis autant que ses anciens amis surréalistes, et pratiquant l’avortement dans la clandestinité.

Peu d’entre nous se souviennent de ce discret compagnon des dadaïstes et des surréalistes. Peu d’entre nous ont conscience de ses apports, de son influence sur ces mouvements artistiques. Et ce matin il nous revient de saluer en lui non seulement l’homme de lettres, mais encore le médecin humaniste, l’homme de convictions et d’engagements, le ''mousquetaire de la modernité'' comme il s’était auto-proclamé aux côtés de Philippe Soupault et d’André Breton.

Alexandra Cordebard
Maire du 10e
Crédit photo : Solal de La Grandville - M10

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