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200 ans des canaux parisiens : petites histoires le long du canal Saint-Martin

Mise à jour le 13/05/2022
Cela fait 200 ans que la première pierre du canal Saint-Martin a été posée ! C'était en mai 1822. Aujourd'hui, il s'apprête à vivre un renouveau ! Lancement à la rentrée de la concertation pour engager sa piétonnisation, attribution de noms aux passerelles qui l'enjambent, renouvellement de l'opération participative "Ménage ton canal" au mois de juillet, création prochaine de nouveaux radeaux végétalisés, expositions, événements festifs… ce joyau du 10e va connaître de nouvelles aventures. D'ici là, on vous propose une petite promenade le long de ce monument du 10e, à travers l'histoire, les curiosités, la biodiversité et le cinéma.
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Du 31 mai au 23 juin 2022, une exposition retrace l'histoire du canal Saint-Martin, en dix dates clefs. Elle est à découvrir sur les grilles du jardin Villemin !

Le 29 floréal de l'an dix

L'idée ne datait pas d'hier : dès le XIVe siècle, Charles V imaginait détourner une rivière pour conduire l'eau vers sa capitale ; sous Louis XIV, Colbert songe à canaliser l'Ourcq vers Paris ; au siècle des Lumières, des ingénieurs voudront aussi ouvrir le "Grand Canal de Paris".
C'est donc assez naturellement qu'au tout début du XIXe siècle, alors que la ville est en pleine croissance et qu'elle fait face à de fréquentes épidémies (le choléra ou la dysenterie…), l'idée d'un canal ressurgit. Le Premier Consul (un certain Napoléon Bonaparte) décide d'améliorer l'accès en eau potable des Parisiens, et charge le préfet de la capitale, Gaspard de Chabrol, d'un projet de canalisation de la rivière de l'Ourcq.
C'est ainsi qu'est décidée la création du canal Saint-Martin, par la loi du 29 floréal de l'an X (19 mai 1802), en même temps que celle des canaux Saint-Denis et de l'Ourcq.
Mais Bonaparte devient bientôt empereur, et les guerres qu'il mène en Europe freinent ses projets urbains. Il faudra attendre Louis XVIII pour que le projet ressorte des tiroirs. Le 3 mai 1822, la première pierre est posée, et c'est en 1825 que le canal sera enfin inauguré.
Il n'est d'ailleurs pas qu'un moyen d'apporter de l'eau potable aux Parisiens : la circulation y est intense, puisque la ville s'y approvisionne en alimentation et en matériaux de construction. Jusqu'au début du XXe siècle, le nombre de péniches demeurera important.
Le canal au début du XXe siècle, par le peintre François-Marie Firmin-Girard.
Crédit photo : Paris Musées - Musée Carnavalet (Firmin-Girard)

Seulement dans le Dix !

Enfin presque… Bien sûr, le canal Saint-Martin poursuit son cours jusqu'au port de l'Arsenal, après la place de la Bastille, pour se jeter dans la Seine. Seulement, chez nos voisins du 11e, il est recouvert par le boulevard Richard Lenoir. Tandis que dans le 10e, il est à ciel ouvert !
C'est entre 1860 et 1862 que le préfet Haussmann décida de couvrir le canal au moyen d'une voûte entre la place de la Bastille et l'avenue de la République, afin de créer le boulevard Richard-Lenoir. Une idée reprise en 1906, avec la voûte du Temple, construite dans le prolongement de la première, afin de donner le jour au boulevard Jules Ferry.
En fait, la couverture du canal et la réalisation des voûtes du Temple et Richard-Lenoir (qui sont le prolongement l'une de l'autre) a aussi des raisons stratégiques et politiques : le baron Haussmann craignait que le canal ne puisse servir de retranchement aux insurgés, comme cela s'était déjà produit lors des émeutes de 1848.
Crédit photo : Étienne Mazeaud - Ville de Paris

Les dix ans (ou presque) où le canal a failli disparaître

En 1960, en pleine ère de la voiture, le Conseil de Paris est saisi d'un projet de construction d'autoroute Nord-Sud pour traverser Paris plus rapidement.
Se joue alors une longue bataille qui durera (presque) dix années. Il a fallu attendre 1968 pour que ce projet de voie expresse soit définitivement abandonné. La mobilisation d'associations en défense du canal, la prise de position du préfet de l'époque, ainsi que la protection octroyée par André Malraux, alors ministre de la Culture, permettent au canal Saint-Martin de continuer à couler des jours heureux !

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Dix oiseaux qu'on peut observer depuis les quais

Dix parmi les quelques quatre-vingt-dix espèces qui y sont recensées en période de nidification. Le canal Saint-Martin est un havre de biodiversité en plein Paris. Parmi ces oiseaux, on trouve le héron cendré. Grand et majestueux, il s’est parfaitement adapté au milieu urbain : il n’est pas rare d’en rencontrer aux abords du canal. De son côté, le canard colvert est sans doute l'habitant le plus populaire de la Seine et des canaux parisiens : il s’acclimate facilement à la ville et craint peu l’homme. On peut bien sûr se contenter de la mouette sans la confondre avec le goéland, mais en étant attentif, on peut encore trouver le grand cormoran, la bergeronnette des ruisseaux, le serin cini, la pie bavarde, ou la mésange bleue. Sans oublier la star : le cygne bien sûr !
Crédit photo : Joséphine Brueder - Ville de Paris

Une demi-dizaine de films tournés le long du canal

Détour par le cinéma pour finir ! Très tôt, le canal est devenu un décor emblématique du grand écran. Alors pour plonger dans le canal via le septième art, on vous propose dix scènes so dixième !
À bord d'une péniche
Pour échapper à sa vie trop monotone, Juliette (Dita Parlo) épouse un marinier (Jean Dasté), qui navigue sur une péniche qui donne son nom au film : L'Atalante (Jean Vigo, 1934). Mais la vie à bord n'est pas beaucoup plus drôle. Un jour, au cours d'une escale à Paris, Juliette va au bal. Celle-ci tombe sous le charme d'un autre homme. Son mari se montre jaloux et quitte les lieux. De retour à la péniche, une scène éclate entre les époux et Juliette s'enfuit. Le Père Jules (Michel Simon), vieux matelot et ami du couple, part à sa recherche à travers le 10e.
Crédit photo : Jean Vigo - Scène du film L'Atalante (1934)
Atmosphère, atmosphère…
Le canal au cinéma fait bien sûr penser à Hôtel du Nord (Marcel Carné, 1938), avec le couple mythique formé par Monsieur Edmond (Louis Jouvet) et Madame Raymonde (Arletty). Pourtant, ce n'est bien que l'atmosphère du canal qui est recréée dans le film. En effet, en dehors de quelques plans, tout a été tourné en studio, à Boulogne-Billancourt ! Le fameux hôtel et le canal Saint-Martin ont entièrement été reconstitués par le décorateur Alexandre Trauner. Et la gouaille des acteurs fait le reste !
Crédit photo : Marcel Carné - Scène du film Hôtel du Nord (1938)
La mafia version Gabin
Dans Le Clan des Siciliens (Henri Verneuil, 1969), Vittorio Manalese (Jean Gabin) est un honnête patriarche d'origine sicilienne, installé quai de Jemmapes. Du moins en apparence… Avec ses fils, et surtout avec la complicité de Roger Sartet (Alain Delon), il prévoit de voler une collection de bijoux. Seulement le commissaire Le Goff (Lino Ventura) surveille de près les bords du canal Saint-Martin…
Crédit photo : Henri Verneuil - Scène du film Le Clan des Siciliens (1969)
La reine Margot
Avec La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994), c'est dans la France des guerres de religion que l'on poursuit cette promenade. Marguerite de Valois (Isabelle Adjani) est promise à son cousin, le futur Henri IV (Daniel Auteuil). Mais ces noces de réconciliation entre catholiques et protestants font finalement place au terrible massacre de la Saint Barthélémy. Et le canal dans tout ça ? Il apparaît discrètement et de manière un peu lugubre, dans sa partie souterraine, lorsque la reine Margot tente de s'échapper du Louvre et de quitter Paris.
Crédit photo : Patrice Chéreau - Scène du film La Reine Margot (1994)
Faire des ricochets sur le canal Saint-Martin
Enfin bien sûr, une scène culte du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2001) : les plaisirs simples d'Audrey Tautou, au nombre desquels on compte les ricochets depuis les écluses du canal. Un Paris de carte postale, où cohabitent (au pied de Montmartre ou à l'intérieur de la gare de l'Est), des personnages pittoresques et bienveillants, sous la narration d'André Dussollier.
Crédit photo : Jean-Pierre Jeunet - Scène du film Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain (2001)

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