Des marches exploratoires pour rendre la ville aux femmes
Actualité
Mise à jour le 26/02/2020
Lancées dans le 10e et pilotées par le centre social et culturel Le Pari's des faubourgs, les marches exploratoires ont pour but de restituer aux femmes leur droit de circuler librement dans la ville, de jour comme de nuit.
Ces marches sont des diagnostics faits par les femmes dont l’objectif est de produire un programme d’actions à court et moyen terme pour favoriser leur présence dans les espaces publics du quartier. La finalité est l'égalité dans « le droit à la ville », droit citoyen fondamental.
Groupes de personnes alcoolisées et violentes, éclairages insuffisants, circulation bruyante et peu sécurisée ; c’est autant d’éléments qui poussent les femmes à changer de route et repenser leur trajectoire.
Après plusieurs mois de travail, des habitantes du quartier et des femmes engagées au Pari’s des faubourgs ont livré leur expertise pour permettre une meilleure prise en compte de la place des femmes dans l’espace public, à travers des préconisations sur le quartier des deux portes et des deux gares. L’idée étant que partager ces espaces en favorisant une mixité entre femmes et hommes apporte du bien-être collectif et fait régresser les violences.
Au total, 80 préconisations ont été faites autour de l’éclairage public, la propreté, la voirie, les espaces verts, la sécurité, la culture, mais également les commerces.
Ces préconisations ont été intégrées à des projets pilotés par la Mairie du 10e et plusieurs projets ont été déposés au budget participatif.
Les marches exploratoires ont donc permis aux femmes de porter un autre regard sur leur quartier, de le découvrir, le redécouvrir, mieux se l’approprier et devenir force de propositions. Le travail de cartographie a été l’occasion de parler de leur expérience, leur vécu, et de partager leur ressenti sur des problématiques qu’elles ont en commun : la peur face aux regroupements d’hommes, la difficulté à se déplacer, à s’orienter, à demander de l’aide, le mauvais entretien de la voirie, les incivilités, la saleté, etc.
Certaines n’avaient jamais parcouru les espaces explorés car elles se l’interdisaient ou se limitaient aux trajets indispensables. Grâce au collectif, elles ont découvert la possibilité lors des marches de dépasser certaines inquiétudes. Elles ont pris confiance en leur propre valeur et conscience de leur légitimité à donner leur avis.
Ce travail a montré des sensibilités et positionnements différents selon le milieu social, l’âge, l’appartenance à certaines communautés, l’ancienneté de la résidence et la trajectoire personnelle des exploratrices. Mais la démarche, conduite entièrement en non-mixité de genre, aura ainsi permis de créer des passerelles entre ces femmes et de renforcer leur pouvoir d’agir pour un environnement urbain égalitaire.