Rencontre avec Hugo Arer, commissaire du 10e
Entretien
Mise à jour le 29/08/2022
Retrouvez ici la version intégrale de l'entretien paru dans le numéro de septembre 2022 des Infos du Dix !
Commissaire central du 10e depuis janvier dernier, Hugo Arer peut compter sur une expérience de 6 ans au sein de la Préfecture de Police de Paris. La Mairie et le commissariat renforcent leur coopération pour améliorer la sécurité du 10e pour toutes et tous ! Quelques explications…
Après 6 mois à la direction du commissariat central de l’arrondissement, quelles sont vos priorités en termes de sécurité dans le 10e ?
Notre
priorité, c’est d’être davantage visibles sur le terrain, au quotidien, pour apaiser
certaines rues : l’espace public appartient à toutes et tous, et chacun doit
pouvoir se déplacer en toute sérénité de jour comme de nuit.
Pour cela, nous
renforçons la lutte contre toute forme d’occupation abusive de l’espace public,
en lien avec la police municipale : nuisances sonores, rassemblements
nocturnes, consommation d’alcool et de drogue, ventes à la sauvette et
campements divers. J’ai souhaité qu’un nouvel équipage ne soit dédié qu’à cette
mission, à compter de cet automne.
Car je veux que la police du 10e soit
une police pour vous : de proximité, dissuasive, prête à intervenir et qui
aide les victimes. C’est pourquoi je veux développer davantage le dialogue avec
habitants, commerçants et associations, pour mieux comprendre les problèmes et
y apporter des solutions concrètes.
Quelles sont les problématiques du 10e que vous souhaitez cibler davantage ?
Nous poursuivrons
le démantèlement des filières d’approvisionnement en matière de trafic et de
ventes à la sauvette, ainsi que la lutte contre le petit deal de rue, en nous focalisant sur les nouveaux moyens de livraison de drogue (scooters et véhicules notamment).
Certains
bars, restaurants et commerces causant des troubles feront aussi l’objet de contrôles
renforcés : en lien avec nos partenaires des impôts, des douanes, de l’URSSAF et des services de
l’hygiène, nous constaterons les abus et imposerons des sanctions, avec des
fermetures à la clef (22 actuellement en cours).
Enfin, nous continuerons d’améliorer
l’accueil du public, notamment des plus fragiles : femmes victimes de
violences, personnes LGBTQ+, mineurs, personnes âgées ou en situation de
handicap.
Comment fonctionne le partenariat entre vos équipes et celles de la nouvelle police municipale parisienne ?
Je me réjouis de la qualité de ce nouveau partenariat établi dans le 10e. Je suis en lien direct et constant avec Céline Meyrand,
cheffe de la division de police municipale du 10e, et nos équipes communiquent quotidiennement.
Deux fois par mois, nous nous réunissons, en présence du cabinet de la Maire,
dans le cadre de la cellule d’écoute et de traitement des doléances, pour
trouver des solutions conjointes aux problématiques évoquées. À l’échelle parisienne, cette coopération s’intensifiera pour faire face au défi des Jeux Olympiques de 2024.
En novembre prochain, un nouveau Contrat local de Sécurité et de Prévention sera signé par plusieurs acteurs de l’arrondissement, dont la Préfecture de Police. De quoi s’agit-il ?
Il s’agit d’un document théorique qui définit, pour les prochaines années, la politique globale de prévention et de sécurité déployée à l’échelle du territoire, à travers l'encadrement par des fiches actions. Ce document est signé par l’ensemble des différents partenaires, dont le commissariat, la Mairie, l’éducation nationale et la justice, pour ne citer qu’eux.
En juillet dernier, vous avez mis en œuvre une opération de sensibilisation contre le harcèlement de rue sur le parvis de la gare du Nord. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Aujourd’hui, le simple fait d’être de genre féminin, ou de porter une certaine tenue vestimentaire, ne permet pas toujours de marcher sereinement dans la rue sans risquer d’être regardée avec insistance, sifflée, confrontée à un geste déplacé ou exposée à une remarque sexuelle. En 2022, cela est inacceptable et inadmissible.
C'est pourquoi, le 8 juillet 2022, j’ai souhaité mettre en place un village de
prévention contre le harcèlement de rue sur le parvis de la gare du Nord, avec
la participation de la Mairie du 10e, de la SNCF et de l’association
Paris Aides aux Victimes. Ce fut une vraie réussite. Avec 480 personnes sensibilisées, nous avons pu nous adresser aussi bien à de femmes potentiellement victimes, qu'aux éventuels auteurs de ces faits.
Quels autres dispositifs mettez-vous en œuvre pour lutter contre les violences faites aux femmes ?
Chaque année, la préfecture de Paris répond à 12 000
appels pour violences conjugales. Nous intervenons efficacement grâce du
dispositif Téléphone grave danger, garantissant une arrivée automatique des forces de l'ordre, et à la géolocalisation en urgence.
En matière
d’investigation, notre brigade locale de protection de la famille (BLPF) a été
étoffée, et nous sommes le seul commissariat parisien à avoir créé une cellule
spécifique de lutte contre les atteintes sexuelles et sexistes (CLASSE). Enfin,
nous organisons des opérations de sensibilisation et de prévention avec notre mission de prévention, contact et écoute (MPCE), et nous
disposons d’une intervenante sociale au sein du commissariat qui nous permet de résoudre
les situations les plus graves grâce à un accompagnement adapté (proposition d'hébergement
d’urgence, par exemple).