Canal Saint-Martin : une passerelle immortalise la comédienne Michèle Morgan

Focus

Mise à jour le 28/03/2025

Une femme
À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes 2025, la comédienne Michèle Morgan traverse le temps et l'histoire en donnant son nom à l'une des passerelles du canal Saint-Martin.
Après Arletty, Maria Casarès et Emmanuelle Riva, c’est au tour de la comédienne Michèle Morgan (1920-2016) de donner son nom à l'une des passerelles du canal Saint-Martin. Cette nouvelle dénomination, inaugurée dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, est l'occasion d’honorer la mémoire de cette icône du 7e art, dont la présence magnétique a marqué le cinéma des années 1930 à 1950.
Toutes et tous sur le pont !
L'inauguration de la passerelle Michèle Morgan s'est déroulée le vendredi 28 février 2025, à 9h45, en présence d'Alexandra Cordebard, Maire du 10e, et de Laurence Patrice, adjointe à la Maire de Paris chargée de la Mémoire.

Hommage aux grandes comédiennes et féminisation de l'espace public

Au printemps 2022, les élus du 10e ont souhaité baptiser les neuf passerelles du canal Saint-Martin. Tandis que leurs grands frères qui enjambent la Seine portent depuis longtemps des noms bien identifiés, ces passerelles non moins emblématiques de Paris n'étaient en effet jusqu'alors désignées que par le nom des rues qui y mènent.
Afin de célébrer la richesse de l'histoire théâtrale de l'arrondissement (qui compte encore de nos jours plus d'une douzaine de salles), autant que la longue liste de films tournés sur les quais de Jemmapes et de Valmy, il a été décidé d'attribuer des noms de comédiennes à toutes les passerelles du 10e. Une belle manière de célébrer les plus grandes des actrices françaises tout en rendant aux femmes, largement invisibilisées dans les dénominations de l'espace public, la place qui est la leur.
En 2001, seuls 6 % des rues, équipements et espaces verts parisiens portaient le nom d’une femme. Aujourd'hui, grâce à l'engagement de la Ville de Paris qui en a fait une priorité politique, ce chiffre atteint plus de 15 % (contre 4 à 7 % en moyenne dans le reste de la France). Rien que dans le 10e, ce sont plus de 10 nouvelles dénominations féminines qui ont ainsi été attribuées depuis 2020 dont la bibliothèque Claire Bretécher, le jardin Villemin–Mahsa Jîna Amini, la place Angélique du Coudray ou encore le terrain d’éducation physique Agnes Tirop.

De Simone Roussel à Michèle Morgan

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De son vrai nom Simone Roussel, Michèle Morgan naît le 29 février 1920 dans une famille modeste. Très vite passionnée par le cinéma, elle s’inscrit au Cours Simon alors qu'elle n'est encore qu'une adolescente. C'est là qu'elle adopte le pseudonyme de Michèle Morgan, inspiré par la banque américaine éponyme et par amour pour un camarade qui lui confie « rêver d’une Michèle dans [sa] vie ».
La même année, elle décroche son premier grand rôle au cinéma dans Gribouille, où elle donne la réplique à Raimu, puis enchaîne avec l'inoubliable Quai des brumes et cette célèbre réplique que lui adresse Jean Gabin : « T'as d'beaux yeux, tu sais ».

Donner le nom de Michèle Morgan à cette passerelle, c’est inscrire sa mémoire dans un lieu vivant, où les Parisiennes, les Parisiens pourront se souvenir d’elle. C’est lui offrir un passage, une invitation à traverser le temps et l’Histoire, une façon de lui dire que nous n’oublierons pas ses beaux yeux, ni son immense talent.

Alexandra Cordebard
Maire du 10e
Au fil de sa carrière, riche de plus de 70 films, Michèle Morgan tourne aux côtés des plus grands réalisateurs de son temps, de Tim Whelan à Arthur Ripley, de Jean Grémillon à René Clair en passant par Henri Verneuil, Claude Lelouch et Claude Chabrol.
Récompensée par le Grand Prix d’interprétation féminine au premier festival de Cannes de 1946 pour son rôle dans La Symphonie pastorale, puis par un César d’honneur en 1992 et un Lion d’or d’honneur en 1996, elle s'éteint à Neuilly-sur-Seine le 20 décembre 2016, à l'âge de 96 ans et repose aujourd'hui auprès de son compagnon Gérard Oury au cimetière du Montparnasse.

Mes parents achètent la télévision l’année de ma naissance. Pur boomer, je découvre en noir et blanc votre visage de sphinx, le magnétisme de votre regard, votre port de reine, votre timbre de voix qui feutre parfois. Cet air de "dame comme il faut" qui plaît tant à nos mères de province. À leurs yeux, vous représentez la Parisienne, mais sans le côté "olé olé", expression qu’elles murmurent tout bas. Pour elles, vous êtes "chic".

Benoît Gautier
auteur, réalisateur et journaliste de cinéma